Étienne Pivert de Senancour

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Senancour
Description de cette image, également commentée ci-après
Senancour
Nom de naissance Étienne Pivert de Senancour
Naissance
Paris
Décès (à 75 ans)
Saint-Cloud
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture Français
Mouvement préromantisme

Œuvres principales

Oberman

Étienne Pivert de Senancour, né à Paris le et mort à Saint-Cloud le [1], est un écrivain du premier romantisme français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il fut élevé à Paris, puis chez un curé de campagne près d'Ermenonville, à Fontaine-Chaalis, où il se prit de passion pour Rousseau. Mélancolique et solitaire, il souffrit au collège des sarcasmes de ses camarades. Il s'enfuit le , pour éviter le séminaire auquel son père le destinait, ce qui lui valut de figurer sur la liste des émigrés.

Il s'installa en Suisse, fit un mariage malheureux, vit sa santé décliner. Il revint en 1795 à Paris, où il venait de publier un récit, Aldomen, ou le Bonheur dans l'obscurité. En 1799, il publia ses Rêveries sur la nature primitive de l'homme, où alternent contemplation des paysages de montagne, expression de la mélancolie, désir de changer la société. Oberman (1804[2]) est le roman qui lui vaudra la gloire auprès des romantiques. Son amertume s'exprime à travers le journal intime d'un héros malheureux, dévoré d'ennui, de doutes et d'inquiétudes. Rêveries et descriptions de la nature y tiennent une grande place. Sainte-Beuve puis George Sand louèrent ce roman, passé presque inaperçu du vivant de son auteur, malgré l'attention que lui porta Charles Nodier.

Liszt a intitulé Vallée d'Obermann l'une des pages des années de pèlerinage (la Suisse), où il a fait figurer une citation de l'œuvre de Senancour « Que veux-je ? Que suis-je ? Que demander à la nature ? »

Vivant de petits travaux de librairie et de journalisme, Senancour collabora aussi à la Bibliographie universelle des contemporains. Il laissa une pièce de théâtre, des méditations, des essais, dont l'un lui valut d'être accusé d'impiété en 1825, et un petit traité, De l'amour, où il plaide pour le divorce. Le nom de Senancour est resté associé à son roman Oberman, mais reste peu connu pour ses autres œuvres. Les Rêveries de 1833 témoignent d'un Senancour moins amer, optimiste « par-delà le désespoir »[3]. Quelques-uns ont su trouver en lui un maître : Nerval, Balzac (qui célèbre Oberman dans son roman Illusions perdues en ces termes : « un livre magnifique, le pianto de l'incrédulité… ») et Proust ne se lassaient pas de le lire. Au Royaume-Uni, Senancour a eu une influence notable sur le poète et critique Matthew Arnold[4].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

  • Les Premiers Âges. Incertitudes humaines (1792), lire en ligne sur Gallica
  • Sur les générations actuelles. Absurdités humaines (1793), lire en ligne sur Gallica
  • Rêveries sur la nature primitive de l'homme, sur ses sensations, sur les moyens de bonheur qu'elles lui indiquent, sur le mode social qui conserverait le plus de ses forces primordiales (1798), t. 1 lire en ligne sur Gallica, t. 2 lire en ligne sur Gallica
  • De l'amour (1806), lire en ligne sur Gallica
  • Lettre d’un habitant des Vosges sur MM. Buonaparte, de Chateaubriand, Grégoire, Barruel (1814)
  • Observations critiques sur l'ouvrage intitulé Génie du christianisme, suivies de réflexions sur les écrits de Monsieur de Bonald (1816)
  • Libres méditations d'un solitaire inconnu (1819), lire en ligne sur Gallica
  • Résumé de l’histoire de la Chine (1824), lire en ligne sur Gallica
  • Résumé de l’histoire des traditions morales et religieuses (1825), lire en ligne sur Gallica
  • Résumé de l'histoire romaine (1827), t. 1 lire en ligne sur Gallica, t. 2 lire en ligne sur Gallica
  • Rêveries (1833, troisième édition remaniée; première édition en l'an VIII), lire en ligne sur Gallica

Théâtre[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Bayard, « Comment ennuyer le lecteur ? », dans Jacques Neefs et Christine Montalbetti, Le Bonheur de la littérature. Variations critiques pour Béatrice Didier, Paris, PUF, (lire en ligne), p. 47-55.
  • (de) Rudolf Behrens, « Räumliche Dimensionen imaginativer Subjektkonstitution um 1800 (Rousseau, Senancour, Chateaubriand) », Räume der Romantik, Éd Inka Mülder-Bach/Gerhard Neumann, Würzburg, p. 27-63.
  • (en) Michael C. Call, Back to the Garden : Chateaubriand, Senancour, Constant, Saratoga, Anma Libri, 1988.
  • Béatrice Didier, Senancour romancier. Oberman, Aldomen, Isabelle, Paris, SEDES 1985.
  • Béatrice Le Gall, L’Imaginaire chez Senancour 2 vols, Paris, José Corti 1966 ; réimpression Slatkine Reprints, 2011.
  • Béatrice Le Gall, « 'Senancour, c’est moi' : sur un inédit de Proust », Revue de Paris, , p. 108-113.
  • Yvon Le Scanff, Senancour. Penser nature, Paris, Classiques Garnier, 2022.
  • Giorgetto Giorgi, « Le Sensible et l’Intelligible chez Proust et Senancour », Europe, août-, p. 205-215.
  • Joachim Merlant, Bibliographie des œuvres de Sénancour, Paris, Hachette, 1905 ; reprint, Genève, Slatkine, 1971.
  • Joachim Merlant, Sénancour (1770-1846), poète, penseur religieux et publiciste. Sa vie, son œuvre, son influence, Paris, Fischbacher, 1907 ; reprint, Genève, Slatkine, 1970.
  • Gustave Michaut, Sénancour, Ses Amis et Ses Ennemis : études et documents, Paris, E. Sansot, (lire en ligne).
  • Michel Orcel, « Rêveries d'un corps dans les Alpes : Senancour », Po&sie no 116, Paris, Belin, 2006.
  • Marcel Raymond, Senancour, sensations et révélations, Paris, Corti, 1966.
  • (it) Renzo Scarcella, « Ennui ed esperienza del vuoto. In margine a ‘Obermann’ di Senancour », Sotto il segno di Saturno: malinconia, spleen e nevrosi nella letteratura dell’ottocento. Atti del seminario studio di Malcesine 7-9 maggio 1992. A cura di Elio Rosele. Fassano: Schena 1994, p. 131-141.
  • (de) Jörn Steigerwald, « Räume des empfindsamen Subjekts. Seelenausfaltungstechnologien in Senancours Obermann », Epochale Psycheme und Menschenwissen. Von Montaigne bis Houellebecq, Éd. Heinz Thoma / Kathrin van der Meer, Würzburg, 2007, p. 107-127.
  • (de) Friedrich Wolfzettel, « Zur Ästhetik des Vagen bei Senancour », Zeitschrift für Ästhetik und Allgemeine Kunstwissenschaft 49/1, 2004, p. 55-66.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de décès à Saint-Cloud, n° 4, vue 2/22.
  2. L'édition de 1804 s'intitule "Oberman", celles de 1833 et 1840 "Obermann"
  3. Senancour (préf. Béatrice Didier), Rêveries : édition de 1833, P.17, Le Passeur, , 383 p., in-12 br. (ISBN 2-907913-80-8), La rêverie l'apaise, tandis que la méditation du premier Senancour le rongeait. L'optimisme par delà le désespoir, ce serait bien la leçon des Rêveries de 1833
  4. (en) George Robert Stange, Matthew Arnold : the poet as humanist, Princeton University Press, , p. 71 sqq.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :