Annette Becker

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Annette Becker
Annette Becker, Rendez-vous de l'histoire, Blois.
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Annette Becker, née le à Bourgoin-Jallieu, est une historienne française, professeure émérite à l'université Paris-Nanterre[1] et membre senior honoraire de l'Institut universitaire de France[2].

Études et cursus académique[modifier | modifier le code]

Ancienne élève du lycée Stendhal, Annette Becker est titulaire d'une maîtrise d'histoire obtenue à l'université de Grenoble 2.

Agrégée d'histoire, elle est docteure en histoire de l'EHESS et habilitée à diriger des recherches de l'université Lumière-Lyon-II.

De 1978 à 1979, elle est professeure au collège Paul-Éluard de Noyon, puis, de 1981 à 1982 ainsi que de 1986 à 1989, au collège Clotaire-Baujoin à Thourotte.

De 1983 à 1986, elle est professeure au lycée français de New York.

De 1989 à 1994, elle est maître de conférences à l'université Lille-III, puis, à partir de 1994, professeure des universités à l'université de Nanterre[3].

Elle est membre senior émérite de l'Institut universitaire de France depuis 2009[4].

Apport à l'histoire de la Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Membre de l'historial de Péronne, Annette Becker s'est spécialisée dans l'étude de la Première Guerre mondiale et de ses représentations culturelles, religieuses en particulier. La publication de son principal ouvrage avec Stéphane Audoin-Rouzeau, Retrouver la guerre, a concrétisé le bouleversement de l'historiographie de la Grande Guerre. Ces deux auteurs s'attachent avant tout à comprendre les cultures de guerre et la dialectique entre la souffrance et le consentement ; en quoi la Première Guerre mondiale, avec cette acculturation à la violence, est un évènement paradigmatique du XXe siècle[5]. Ce travail collectif, s'il a fait date en développant entre autres la thèse du consentement patriotique des soldats de la Grande Guerre, est à ce titre même discuté par certains historiens du CRID 14-18, de l'école historiographique dite de Craonne qui réfutent cette idée.

Annette Becker a poursuivi ses recherches en se concentrant sur les intellectuels contemporains de la Grande Guerre, tels que Maurice Halbwachs, Marc Bloch, ou encore Guillaume Apollinaire. Le postulat est toujours le même : s'intéresser à une figure extraordinaire de la Grande guerre, en démontrant en quoi ils sont des êtres humains banals illustrant comme n'importe quel contemporain, combattant ou civil, les affres du conflit, mais aussi des témoins permettant de comprendre, notamment au niveau intellectuel, culturel, artistique, comment la guerre a bouleversé, traumatisé les sociétés en guerre.

La biographie de guerre de Guillaume Apollinaire accentue tout particulièrement l'étude de l'impact de la Première Guerre mondiale, sur les arts, et met en exergue la place qu'a occupé le trauma pendant et après la guerre. Pour cet ouvrage Annette Becker a reçu le prix de la biographie de l'Académie française 2010[6].

Élargissement thématique[modifier | modifier le code]

Depuis les années 1990, Annette Becker a élargi son champ de recherche, développant tout particulièrement l'étude du trauma, des enjeux mémoriels, des violences extrêmes contre les civils et des génocides, d'une guerre mondiale à l'autre[7].

Dans Messagers du désastre (Fayard, 2018), elle étudie le rôle de Jan Karski et de Raphael Lemkin pendant la Seconde Guerre mondiale. Par-delà le parcours de ces deux figures polonaises, qu'on peut qualifier de « lanceurs d’alerte »[8], elle se demande pourquoi leur message et leur dénonciation de la Shoah furent inaudibles[9]. Sa réflexion s'étend aux autres génocides du XXe siècle, puisque la conclusion s'intitule : « Arméniens, Juifs et Tutsi du Rwanda ».

Dans Voir la Grande Guerre. Un autre récit (Armand Colin, 2014), elle analyse les expressions visuelles de la guerre, en notant que la « difficile représentation de la violence » atteste que « la très longue mémoire du conflit et ses refoulements continuent de hanter l’imaginaire collectif »[10]. Au-delà de la réflexion historiographique, il s'agit d'une approche des sources qui "décloisonne les arts et les périodes"[11].

Elle a fait partie de la Commission sur le racisme et le négationnisme à l'université Jean-Moulin Lyon III et de la mission d'étude sur les génocides et les violences de masse. (2017-2018)[12].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Son père Jean-Jacques Becker et sa tante Annie Kriegel sont eux aussi historiens[13].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Les Monuments aux morts : patrimoine et mémoires de la grande guerre, Paris, Ed. Errance, 1988.
  • La guerre et la foi, de la mort à la mémoire Paris, Armand-Colin, 1994.
  • Oubliés de la Grande guerre : humanitaire et culture de guerre, 1914-1918 : populations occupées, déportés civils, prisonniers de guerre, Paris, Noêsis, 1998.
  • Journaux de combattants et de civils de la France du Nord dans la Grande Guerre, Villeneuve-d'Ascq, Presses Univ. du Septentrion, 1998.
  • (avec Stéphane Audoin-Rouzeau), La Grande Guerre : 1914-1918, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 357), 1998.
  • (avec Stéphane Audoin-Rouzeau), 14 - 18, retrouver la guerre, « Bibliothèque des Histoires », Gallimard, 2000.
  • Maurice Halbwachs : un intellectuel en guerres mondiales 1914-1945, Paris, Viénot, 2003.
  • (avec Étienne Bloch), Marc Bloch: L'histoire, la guerre, la résistance, Paris, Gallimard, « Quarto », 2006.
  • (avec Georges Bensoussan), Violences de guerre, violences coloniales, violences extrêmes avant la Shoah, Revue d'histoire de la Shoah, 189 (2008).
  • Guillaume Apollinaire : une biographie de guerre : 1914-1918-2009, Paris, Tallandier, 2009.
  • Les cicatrices rouges 1914-1918, France et Belgique occupées, Paris, A. Fayard, 2010.
  • Voir la Grande Guerre, un autre récit, Paris, Armand-Colin, 2014.
  • Messagers du désastre. Raphael Lemkin, Jan Karski et les génocides, Paris, Fayard, 2018.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

  • Prix Honneur et Patrie 2010, pour Guillaume Apollinaire : une biographie de guerre[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Annuaire des enseignants de l'Université Paris Ouest
  2. Site de l'Institut universitaire de France
  3. « Annette Becker », sur whoswho.fr (consulté le )
  4. Institut universitaire de France, « Annette Becker », sur iufrance.fr (consulté le )
  5. 14-18, retrouver la guerre, sur le site d'histoire et de géographie de l'Académie de Lille
  6. Liste des prix de la biographie de l'Académie française depuis 2004 sur www.prix-litteraires.net
  7. Ses travaux sur l'inventeur du concept de génocide, Raphaël Lemkin, l'ont entraînée depuis vers le génocide des Arméniens, des Juifs, des Cambodgiens et des Tutsi du Rwanda Revue d'histoire de la Shoah, no 189, « Violences de guerre, violences coloniales, violences extrêmes avant la Shoah », juillet-août 1989
  8. Danielle Delmaire, « Annette Becker, Messagers du désastre, Raphael Lemkin, Jan Karski et les génocides », Tsafon, No 76, 2018
  9. Françoise Objois, "Au royaume des sourds, les aveugles sont des monstres", voir https://www.actualitte.com/article/livres/au-royaume-des-sourds-les-aveugles-sont-des-monstres/93512.
  10. A. Becker, Voir la Grande Guerre. Un autre récit (1914-2014), Paris: Armand Colin, 2014, p. 188.
  11. Dominique Ranaivoson, « Annette Becker, Voir la Grande Guerre. Un autre récit (1914-2014) », Questions de communication, No 27, 2015, voir https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/9923#quotation
  12. http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/044000492.pdf, p. 3.
  13. Juliette Rigondet, « Annette Becker : offrir un monument aux morts », lhistoire.fr, février 2018.
  14. Décret du 21 mars 2008 portant promotion et nomination
  15. Décret du 13 juillet 2019 portant promotion et nomination
  16. Décret du 15 novembre 1999 portant promotion et nomination
  17. Décret du 2 mai 2012 portant promotion et nomination
  18. « S.M.L.H. - Les lauréats depuis 2004 », sur smlh.fr via Wikiwix (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]