Antoine Compagnon

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Antoine Compagnon
Antoine Compagnon en 2015.
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Fauteuil 35 de l'Académie française
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depuis
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Les Antimodernes (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Antoine Compagnon, né le à Bruxelles, est un écrivain, critique littéraire et académicien français.

Spécialiste notamment de Marcel Proust, il mène plusieurs carrières dont celle d'enseignant, de romancier et de critique littéraire. Il est professeur au Collège de France de 2006 à 2021.

Il est élu à l'Académie française le 17 février 2022. Il est reçu par Pierre Nora, sous la Coupole, lors de la séance solennelle du 11 mai 2023.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et formation[modifier | modifier le code]

Fils du général Jean Compagnon[1] et de Jacqueline Terlinden, Antoine Compagnon est issu d'une fratrie de six enfants[2].

Il passe son enfance en Tunisie, à Londres, puis à Washington, au gré des affectations de son père[3]. Après la mort précoce de sa mère[3], il achève ses études secondaires au Prytanée national militaire de La Flèche, puis entre à l'École polytechnique[4] (promotion 1970) et devient ingénieur des ponts et chaussées[2].

À 25 ans, s'étant rendu compte que « construire des ponts n'était pas sa passion », il bifurque vers les lettres[3]. Docteur en littérature française en 1977 (sous la direction de Julia Kristeva)[5], il devient docteur d'État en lettres en 1985 (sous la direction de Jean-Claude Chevalier)[6]. Il se définit comme « un quasi autodidacte en littérature »[3].

Étude de la littérature[modifier | modifier le code]

S'étant « converti à la littérature » par le biais de Roland Barthes (avec qui il dîne une fois par semaine[3], et qui l'évoque par ses initiales dans ses Fragments d'un discours amoureux[7]), il fait ses débuts comme pensionnaire de la Fondation Thiers et attaché de recherche au CNRS en linguistique et littérature françaises (1975-1978).

Après sa première thèse, il enseigne à l’École polytechnique dans le département « Humanités et sciences sociales » (1978-1985), à l'Institut français du Royaume-Uni à Londres (1980-1981), et devient maître de conférences à l'université de Rouen en 1981. En 1985, après sa thèse d'État, il part comme professeur à l'université Columbia à New York, où il sera nommé Blanche W. Knopf Professor of French and Comparative Literature en 1991. En France, il est professeur à l'université du Maine (1989-1990), puis à l'université Paris IV-Sorbonne (1994-2006).

Le Démon de la théorie (Seuil, Paris, 1998), sous-titré Littérature et sens commun, est l'une des rares tentatives critiques qui traitent de la crise théorique affectant la théorie littéraire universitaire. Ce texte, s'il ne marque pas un retour à « l'histoire littéraire » de Gustave Lanson, se donne comme le chant du cygne de la critique structuraliste des années 1970. « Le sens » revient à l'honneur en littérature.

En 2005, il publie son « ouvrage phare », Les Antimodernes[3]. De 2006 à 2021, il occupe au Collège de France la chaire de « Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie ». Il fait partie, entre 2006 et 2011, du Haut Conseil de l'éducation et, entre 2006 et 2013, du Haut Conseil de la science et de la technologie.

Pendant l'été 2012, il propose une chronique quotidienne sur France Inter sous le titre Un été avec Montaigne, accompagnée des lectures du comédien Daniel Mesguich[8]. Cette chronique donnera lieu à la publication d'un ouvrage qui constituera un grand succès de librairie de l'été suivant[9]. Il revient sur cette station dans le cadre de la grille d'été 2014 afin d'assurer une chronique intitulée Un été avec Baudelaire[10].

Candidat à l'Académie française au fauteuil de Pierre-Jean Rémy lors de l'élection du [11],[12], il obtient dix puis sept voix ; c'est Xavier Darcos[13] qui est élu. Fin 2021, il dépose à nouveau sa candidature, afin de succéder au grand ophtalmologue et humaniste Yves Pouliquen. Il est élu à l'Académie française le 17 février 2022 au premier tour, avec quatorze voix[14].

Il est président du conseil scientifique de la Bibliothèque nationale de France[15].

Prises de position[modifier | modifier le code]

En 2014, ses propos sur la féminisation de l'enseignement (« la féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c'est d'ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature[16] ») lui valent de vives réactions dans les médias[17],[7],[18]. Il explique peu après que l'article publié ne reflète pas la distance qu'il a prise vis-à-vis de ces idées[19],[7].

En , il signe le « manifeste contre le nouvel antisémitisme » paru dans Le Parisien[20].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

Honneurs[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Œuvres[modifier | modifier le code]

Récits[modifier | modifier le code]

  • Le Deuil antérieur, roman, Seuil, coll. « Fiction et Cie », 1979
  • Ferragosto, récit, Flammarion, 1985
  • La Classe de rhéto, Gallimard, 2012 ; Folio, 2014
  • L’Âge des lettres, Gallimard, 2015

Essais[modifier | modifier le code]

  • La Seconde Main ou le travail de la citation, Seuil, 1979
  • Nous, Michel de Montaigne, Seuil, 1980
  • La Troisième République des Lettres, Seuil, 1983.
  • Proust entre deux siècles, Seuil, 1989, rééd. 2013
  • Les Cinq Paradoxes de la modernité, Seuil, 1990
  • Chat en poche : Montaigne et l’allégorie, Seuil, 1993
  • Connaissez-vous Brunetière ? Enquête sur un antidreyfusard et ses amis, Seuil, 1997
  • Le Démon de la théorie, Seuil, 1998
  • Baudelaire devant l’innombrable, PUPS, 2003
  • Les Antimodernes, de Joseph de Maistre à Roland Barthes, Gallimard, 2005 — prix Pierre-Georges Castex de l'Académie des sciences morales et politiques, prix de la critique de l'Académie française
  • La Littérature, pour quoi faire ? Collège de France / Fayard, 2007
  • Le Cas Bernard Faÿ. Du Collège de France à l'indignité nationale, Gallimard, coll. « La Suite des temps », 2009
  • Un été avec Montaigne, France Inter / Éditions des Équateurs, 2013 (ISBN 978-2849902448)
  • Une question de discipline, entretiens avec Jean-Baptiste Amadieu, Flammarion, 2013
  • Baudelaire l'irréductible, Flammarion, 2014
  • Un été avec Baudelaire, France Inter / Éditions des Équateurs, 2015
  • Le Collège de France. Cinq siècles de libre recherche, avec Pierre Corvol et John Scheid, Gallimard, 2015
  • Petits Spleens numériques, Éditions des Équateurs, 2015
  • Hommage à Georges Blin, Collège de France, 2015
  • Les Chiffonniers de Paris, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque illustrée des histoires », 2017 (ISBN 978-2-07-273514-1)
  • Un été avec Pascal, Les Équateurs, 2020
  • La vie derrière soi - Fins de la littérature, Les Équateurs, 2021
  • Un été avec Colette, Les Équateurs, 2022
  • Proust du côté juif, Gallimard, 2022

Ouvrages collectifs[modifier | modifier le code]

  • De l'autorité. Colloque annuel du Collège de France, Odile Jacob, 2008
  • Proust : la mémoire et la littérature, Odile Jacob, 2009
  • Morales de Proust, en collaboration avec Mariolina Bertini, Cahiers de littérature française, no 9-10, 2010
  • 1966, annus mirabilis. Actes du séminaire donné au Collège de France, Fabula LhT[26], no 11, 2013 et Acta fabula[27], vol. 14, no 9, 2013
  • Swann le centenaire, en collaboration avec Kazuyoshi Yoshikawa et Matthieu Vernet, Hermann, 2013

Articles (sélection)[modifier | modifier le code]

Édition[modifier | modifier le code]

Antoine Compagnon a édité Du côté de chez Swann dans la collection « Folio » (Gallimard, 1988), Sodome et Gomorrhe dans la « Pléiade » et « Folio » (Gallimard, 1988 et 1989), ainsi que les Carnets de Proust (Gallimard, 2002), Réflexions sur la politique (Laffont, « Bouquins », 2007) et Réflexions sur la littérature (Gallimard, « Quarto », 2007) d'Albert Thibaudet, La Grande Guerre des écrivains (Gallimard, « Folio », 2014).

Revues[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-René Van der Plaetsen, « Antoine Compagnon, du côté de chez Colette », Le Figaro Magazine,‎ , p. 30.
  2. a et b Pierre Nora, « Pierre Nora : "Vous êtes un militaire en littérature" », Le Figaro, supplément Le Figaro et vous,‎ , p. 33.
  3. a b c d e et f Pierre de Gasquet, « Antoine Compagnon, le boxeur des lettres », sur lesechos.fr, .
  4. Voir sur lajauneetlarouge.com.
  5. Voir sur sudoc.fr.
  6. Voir sur sudoc.fr.
  7. a b et c Juliette Cerf, « Antoine Compagnon, star discrète des amphis », sur telerama.fr, Télérama, 1er et 3 mars 2014 (consulté le ).
  8. « La page de la chronique sur le site de France Inter », sur franceinter.fr.
  9. Thierry Clermont, « Montaigne sur toutes les plages », Le Figaro, 10 août 2013, p. 14.
  10. « La chronique sur le site de la station », sur franceinter.fr.
  11. Site de l'Académie française.
  12. « Antoine Compagnon candidat à l'Académie française », sur lefigaro.fr, Le Figaro, .
  13. Site de l'Académie française.
  14. Antoine Compagnon, élu à l'Académie française, Le Figaro, 17/02/2022
  15. Voir le rapport d'activité 2020, section « Les instances ».
  16. Entretien avec Marie-Estelle Pech, « Professeur, un métier sans évolution », sur lefigaro.fr, Le Figaro, 6 et 7 janvier 2014 (consulté le ).
  17. Monsieur Samovar, « Antoine Compagnon, meilleur ami de Montaigne mais pas des femmes », sur rue89.com, Rue89, (consulté le ).
  18. Carole Boinet, « Antoine Compagnon tient des propos sexistes : une blogueuse féministe lui répond », sur lesinrocks.com, Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  19. Edouard Launet, « Antoine Compagnon, chaire à canon », sur liberation.fr, Libération, (consulté le ).
  20. « Manifeste contre le nouvel antisémitisme », sur leparisien.fr, .
  21. a et b Pour Les Antimodernes.
  22. Décret du 31 décembre 2006 portant promotion et nomination.
  23. Décret du 14 novembre 2012 portant promotion et nomination (pour ses 37 ans de services).
  24. « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres – hiver 2023 », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  25. Arrêté du 9 juillet 2013 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  26. Voir sur Fabula LhT.
  27. Voir sur Acta fabula.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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