François Dubet

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François Dubet
François Dubet au Forum Libération de Grenoble, en janvier 2012.
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PérigueuxVoir et modifier les données sur Wikidata
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Alain Touraine, Émile Sicard (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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François Dubet, né le à Périgueux, est un sociologue français, ex-directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il était professeur à l'université Bordeaux-II jusqu'à sa retraite en 2013. Il est l'auteur d'études consacrées à la marginalité juvénile, à l'école et aux institutions. Il a dirigé l'élaboration du rapport « Le collège de l'an 2000 » remis à la ministre chargée de l'enseignement scolaire en 1999,Ségolène Royal[1].

Carrière[modifier | modifier le code]

François Dubet est nommé membre senior de l'Institut universitaire de France en 1991 pour une durée de cinq ans[2], renouvelée en 1996[3].

Jusqu'en 2010, il a fait partie du groupe d'experts pour la refonte du programme de seconde de sciences économiques et sociales dans le cadre de la réforme du lycée voulue par le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel. Il en a démissionné après que le dit programme a été rendu public et a suscité de vives réactions dans le corps enseignant. Sa décision a été motivée par le manque d'indépendance qu'a eu le groupe d'experts vis-à-vis du cabinet du ministre et du peu de place fait à la sociologie dans les nouveaux programmes[4].

Idées et travaux[modifier | modifier le code]

Apports en sociologie[modifier | modifier le code]

Le démantèlement de la figure institutionnelle est son idée principale, développée dans ses ouvrages (L'Expérience sociologique, Sociologie de l'expérience, À l'école, Dans quelle société vivons-nous ? et Le Déclin de l'institution) et héritée de la sociologie d'Alain Touraine.

Pour François Dubet, la modernité avait créé des institutions, appareils politiques qui organisaient des cadres cognitifs de possibles et par là enjoignaient les actions des individus. Pour lui, nous sommes entrés dans la modernité tardive, long processus socio-historique promoteur de la figure subjective et responsable de la déconstruction de l'institution. Alors que cette dernière pouvait autrefois[Quand ?] être considérée comme un ensemble stable et harmonieux de principes et de valeurs sociales invétérés, elle a progressivement, et depuis la fin des années 1960, perdu sa cohérence tout autant que sa propension à « mettre aux normes » les conduites sociales. Dubet a notamment appliqué ces idées à l'école ou à la question des injustices au travail.

Idéologie et politique[modifier | modifier le code]

D'un point de vue idéologique, François Dubet relaye une pensée de centre gauche modérée et réformiste. Il participe aux réflexions du groupe d'intellectuels de La République des idées, emmené par Pierre Rosanvallon et Thierry Pech.

Il est classé dans la deuxième gauche[5],[6] sociale-libérale, et a soutenu le plan Juppé de 1995[7].

En 2007, il appelle à voter pour Ségolène Royal, dans un texte publié dans Le Nouvel Observateur, « contre une droite d’arrogance », pour « une gauche d’espérance »[8].

École de masse et méritocratie[modifier | modifier le code]

François Dubet pense que la scolarité en France, à l'aube du XXIe siècle, est un système à « fabriquer de l'exclusion »[9]. Il considère que les diplômes devraient être plus un droit que le résultat d'un contrôle sur l'apprentissage scolaire, les diplômes étant réservés, selon lui, à une minorité seule capable d'atteindre l'excellence[10]. Pour Jean-Paul Brighelli, Dubet est l'un de ceux qui, « depuis des décennies », œuvre à démanteler dans le système éducatif français « ce qui reste encore debout »[11].

Publications[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Honneurs[modifier | modifier le code]

Décoration[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Alain Bergounioux, François Dubet (dir.), Marie Duru-Bellat et Roger-François Gauthier, Le Collège de l'an 2000. Rapport à la ministre déléguée chargée de l'Enseignement scolaire, Paris, La Documentation française, coll. « Rapports officiels », , 198 p. (ISBN 2-11-004363-6, lire en ligne), accessible en format [PDF] (144 pages)
  2. Arrêté du 2 décembre 1991 portant nomination à l'Institut universitaire de France, JORF no 286 du 8 décembre 1991, p. 16074, NOR MENH9102797A, sur Légifrance.
  3. Arrêté du 8 août 1996 portant nomination des membres seniors et juniors de l'Institut universitaire de France, JORF no 191 du 17 août 1996, p. 12453, NOR MENK9602306A, sur Légifrance.
  4. Denis Colombi, « Francois Dubet, pour la sociologie dans le secondaire », .
  5. Gérard Noiriel, Les Fils maudits de la République. L'avenir des intellectuels en France, Fayard, Paris, 2005.
  6. Sylvie Tissot, L'État et les quartiers. Genèse d'une catégorie de l'action publique, 2007, Paris, Seuil.
  7. « Autant de thèmes ressassés par la "deuxième gauche" sociale-libérale, à laquelle l’auteur fut longtemps associé, au point de signer en décembre 1995 la pétition de soutien au plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale. C’est dire si ce petit ouvrage offre un bon indicateur de l’état de désarroi idéologique d’un courant de pensée... dont même Jacques Julliard, l’un de ses fondateurs, vient d’admettre l’échec historique. » Pierre Rimbert, Le Monde diplomatique.
  8. « Avant qu'il ne soit trop tard », tempsreel.nouvelobs.com, 13 mars 2007.
  9. Isabelle Stal, L'Imposture pédagogique, éditions Perrin, 2008, p. 165.
  10. L'École des chances, éditions du Seuil, 2004.
  11. « Brighelli : qui a vraiment écrit les programmes du collège ? », Jean-Paul Brighelli, lepoint.fr, 27 avril 2015.
  12. « Pour souligner sa réflexion sur la sociologie et sur le métier de sociologue, ainsi que sa capacité à conjuguer théorie et pratique en incarnant brillamment les figures du professeur, du chercheur et du sociologue public. »
  13. Décret du 12 juillet 2013 portant promotion et nomination

Liens externes[modifier | modifier le code]