Louise de Vilmorin

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Louise de Vilmorin
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Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Louise Levêque de VilmorinVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Madame de
Nationalité
Activités
Famille
Père
Mère
Marie Mélanie de Gaufridy de Dortan (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Conjoint
Autres informations
Genres artistiques
Distinctions
Œuvres principales
Vue de la sépulture.

Louise Levêque de Vilmorin, simplement dite Louise de Vilmorin, est une femme de lettres française, née le [1] à Verrières-le-Buisson (Essonne), où elle est morte le [2]. Elle était parfois surnommée « Madame de », en référence à son roman à succès porté au grand écran[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Philippe et Mélanie de Vilmorin.

Née dans le château familial à Verrières-le-Buisson[4], Louise Levêque de Vilmorin passe sa jeunesse à Paris dans un hôtel particulier rue de la Chaise dans le 7e arrondissement. Louise grandit dans une célèbre famille de botanistes et grainetiers. Elle est la seconde fille de Philippe de Vilmorin et de son épouse, Mélanie de Gaufridy de Dortan[5], qui fut la maîtresse du roi Alphonse XIII d'Espagne[6]. Elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint-Exupéry[1] mais épouse finalement en 1925 un Américain, Henry Leigh Hunt (1886–1972), héritier d'une fortune immobilière et consul honoraire de Monaco à Las Vegas, au Nevada (États-Unis), où elle part habiter[1].

Trois filles naissent de ce mariage : Jessica, Alexandra et Helena[1]. Divorcée, elle a une liaison en 1933 avec André Malraux et Friedrich Sieburg (séparément)[7], puis épouse en secondes noces, en 1938, le comte Paul Pálffy ab Erdöd (1890–1968), dont elle divorce en 1943[1]. Ces années sont pour Louise « les plus belles de [sa] vie »[8]. Elle devient ensuite la maîtresse du prince hongrois Paul V Esterházy (1901–1964), à partir de 1942, puis de Duff Cooper, vicomte de Norwich, ambassadeur du Royaume-Uni en France.

Elle fait la connaissance de Coco Chanel en 1947 alors qu'elle songe déjà à écrire sa biographie, chose qui se réalisera dix ans plus tard avec la sortie des Mémoires de Coco en 1957.

La femme de lettres voyage beaucoup et séjourne fréquemment en Suisse chez son ami le prince Sadruddin Aga Khan. En 1961, elle fait la connaissance à Genève, par le biais d’un de leurs amis communs Jean-Louis Mathieu, du peintre genevois Émile Chambon et se prend d’amitié pour lui. Le se tient à son initiative le vernissage d’une grande exposition Chambon à la galerie Motte à Paris, dont elle préface le catalogue.

Elle fera aussi, entre 1950 et 1962, de longs séjours à La Lieutenance, vaste propriété du XIVe siècle sise à Sélestat (Bas-Rhin), qui fut acquise par la ville en 1675 pour loger le lieutenant du roi local, et qui depuis 1920 est la propriété de la famille du héros de la Grande Guerre et inventeur Paul-Louis Weiller, et où elle écrivit plusieurs de ses œuvres.

Louise de Vilmorin publie son premier roman, Sainte-Unefois en 1934, sur les encouragements d'André Malraux[1], puis, entre autres, Julietta[9] (1951) et Madame de (1951).

Elle publie aussi plusieurs recueils de poèmes dont Fiançailles pour rire (1939), mises en musique par Francis Poulenc[10], Le Sable du Sablier (1945) et L'Alphabet des aveux (1954). Sa fantaisie se manifeste dans les figures de style dont elle est friande, notamment les holorimes (qu'elle écrit « olorime ») et les palindromes dont elle a écrit un grand nombre et de grande taille[11].

Francis Poulenc fait d’elle l’égale de Paul Éluard et de Max Jacob. Il trouve dans ses poèmes « une sorte d'impertinence sensible, de libertinage, de gourmandise qui prolongeait dans la mélodie ce que j'avais exprimé, très jeune, dans Les Biches avec Marie Laurencin »[12].

Elle a travaillé également comme scénariste et dialoguiste pour plusieurs longs métrages, Les Amants de Louis Malle en 1957, La Française et l'Amour pour le sketch de Jean Delannoy en 1960, et est apparue en tant qu'actrice dans Amélie ou le Temps d'aimer (1961) de Michel Drach et Teuf-teuf (1963) de Georges Folgoas.

En 1964, le photographe Pierre Jahan, qui la dit « de suite et totalement disponible en amitié » et ayant en commun avec son frère André un culte pour Victor Hugo ainsi que douée pour la peinture, l'a représentée assise de profil à sa table de travail dans sa maison de Centuri, cliché qu'il publiera dans Objectif[13].

Elle termine sa vie avec son amour de jeunesse, André Malraux[1].

Toute sa vie, elle sera demeurée très attachée à sa fratrie. Parmi ses cinq frères et sœur figurent Mapie de Toulouse-Lautrec, Olivier, Roger et André de Vilmorin[1] et évolua dans le milieu mondain de la Café society, cercle cosmopolite apparu au lendemain de la Première Guerre mondiale, qui regroupait à la fois haute noblesse, milliardaires, artistes, couturiers et musiciens et atteignit son apogée à Venise lors du « Bal du siècle » donné par son ami Charles de Beistegui en son palais Labia le 3 septembre 1951.

Louise de Vilmorin était chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Roman[modifier | modifier le code]

Poésie[modifier | modifier le code]

  • Fiançailles pour rire Gallimard (1939)
  • Le Sable du sablier (1945)
  • L'Alphabet des aveux (1954), illustrations de Jean Hugo
  • Carnets (1970, posthume)
  • Poèmes (1970), posthume), préface d'André Malraux
  • Solitude, ô mon éléphant (1972, posthume)

Fatrasie[modifier | modifier le code]

Louise de Vilmorin utilisait les holorimes[24] dans certains de ses poèmes[25] et des jeux de mots comme « J'ai la toux dans mon jeu » (L'alphabet des aveux) :

Étonnamment monotone et lasse
Est ton âme en mon automne, hélas !

On se veut
On s'enlace
On se lasse
On s'en veut

Je t'enlacerai
Tu t'en lasseras

Là les pères vont en mer
Là les mères vont en paire

— L'alphabet des aveux

Essai[modifier | modifier le code]

Cinéma et télévision[modifier | modifier le code]

Correspondance[modifier | modifier le code]

Louise de Vilmorin a entretenu une importante correspondance, notamment avec Jean Cocteau, Diana et Duff Cooper (cf Bibliographie). Une partie d'entre elle est conservée dans les lieux suivants à la Bibliothèque nationale de France (département des manuscrits, dans les fonds Porto-Riche et Valéry), la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (fonds Jean Cocteau) et à la fondation Bernard Berenson, villa I Tatti à Florence.

  • Louise de Vilmorin, Jean Cocteau, Correspondance croisée annotée par Olivier Muth, coll. Le Cabinet des lettrés, Gallimard, Paris, 2003, (ISBN 2070734676)
  • Louise de Vilmorin, Diana et Duff Cooper, Correspondance à trois (1944-1953) annotée par Olivier Muth, coll. Le Promeneur, Gallimard, Paris, 2008, (ISBN 9782070120093)
  • Louise de Vilmorin, Carnets, Gallimard, Paris
  • Louise de Vilmorin, Démone et autres textes, coll. Le Promeneur, Gallimard, Paris, 2001
  • Louise de Vilmorin, Intimités, coll. Le Promeneur, Gallimard, Paris, 2001

Adaptations cinématographiques[modifier | modifier le code]

Adaptations musicales[modifier | modifier le code]

Adaptation et traduction théâtrale[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h « Louise de Vilmorin, la machine à plaire », in le Nouvel Observateur, 20 mars 2008.
  2. , « Louise de Vilmorin et Malraux célébrés ensemble », in Le Parisien, 28 novembre 2009.
  3. Jean Bothorel, Louise de Vilmorin,
  4. Précisément, Louise de Vilmorin est née dans un bâtiment situé dans le domaine du château familial.
  5. Mélanie est une arrière-arrière petite fille d'Auguste de Forbin, cf Françoise Wagener Je suis née inconsolable : Louise de Vilmorin (1902-1969) sur Google Livres Chapitre I.
  6. Joëlle Chevé, « Louise de Vilmorin, ombres et lumières d'une femme de lettre », Point de vue, (consulté le )
  7. Olivier Todd, André Malraux. Une vie, Paris, Gallimard, 2001, p. 145.
  8. Louise de Vilmorin citée par Françoise Wagener, op. cit., p. 187.
  9. Le personnage de Julietta lui a été inspiré par Madeleine Castaing (Jean-Noël Liaut, Madeleine Castaing, mécène à Montparnasse, décoratrice à Saint-Germain, Petite Bibliothèque Payot, 2009).
  10. Francis Poulenc (1899-1963), Fiançailles pour rire. FP 101, (lire en ligne)
  11. Jean Hugo et Louise de Vilmorin, L'Alphabet des aveux, 1954 (ISBN 2070773175) (gallimard.fr).
  12. Cité dans H. Hell, Francis Poulenc, musicien français, Arthème Fayard, 1978, p. 163.
  13. Marval, 1994 p. 105.
  14. Sainte-Unefois sur Google Livres
  15. La Fin des Villavide sur Google Livres
  16. Le Lit à colonnes sur Google Livres
  17. Julietta sur Google Livres
  18. Madame de... sur Google Livres
  19. Les Belles Amours sur Google Livres
  20. Histoire d'aimer sur Google Livres
  21. La Lettre dans un taxi sur Google Livres
  22. Migraine sur Google Livres
  23. L'Heure maliciôse sur Google Livres
  24. Marc Décimo, Jean-Pierre Brisset, prince des penseurs, inventeur, grammairien et prophète, Dijon, les Presses du réel, coll. « L'écart absolu (ISSN 1288-7722) », , 796 p. (ISBN 2-84066-043-1 et 9782840660439, BNF 37718880, lire en ligne), p. 179
    « On peut ajouter à cette petite anthologie de la littérature holorime : « Homophonique » de Raymond Queneau paru dans « Exercices de style » (1947) ; la Poésie avec un grand P. Alphabets des aveux de Louise de Vilmorin [1902-1969]… »
  25. Louise de Vilmorin, « la Poésie avec un grand P. », Alphabets des aveux, sur fatrazie.com, NRF, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Denise Bourdet, Louise de Vilmorin, dans: Pris sur le vif, Paris, Plon, 1957.
  • Jean Bothorel, Louise, ou la Vie de Louise de Vilmorin (Grasset, Paris, 1989);
  • Jean Chalon, Florence et Louise les Magnifiques : Florence Jay-Gould et Louise de Vilmorin (Éd. du Rocher, Paris, 1999);
  • Albertine Gentou, La Muse amusée (1998), Le Manuscrit (Paris, 2006);
  • Geneviève Haroche-Bouzinac, Louise de Vilmorin, une vie de bohème, Paris, Flammarion, 2019.
  • Patrick Mauriès, Louise de Vilmorin, un album (coll. Le Promeneur, Gallimard, Paris, 2002);
  • André de Vilmorin, Louise de Vilmorin, coll. Poètes d'aujourd'hui no 91 (Éditions Seghers, Paris, 1962)
  • Françoise Wagener, Je suis née inconsolable : Louise de Vilmorin (1902-1969) (Éditions Albin Michel, Paris, 2008); (ISBN 978-2-226-18083-4)
  • Louise de Vilmorin : Une femme, une œuvre, une légende, Connaissance de Verrières nos 25-26, 1999. (ISSN 1254-1362);

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]