Marcel Jouhandeau

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Marcel Jouhandeau
Marcel Jouhandeau en 1949.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Marcel Henri Paul JouhandeauVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Marcel ProvinceVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Mère
Marie Jouhandeau (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Autres informations
Membre de
Académie bavaroise des beaux-arts
Association des amis de Robert Brasillach (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
Œuvres principales

Marcel Jouhandeau, né à Guéret (Creuse) le et mort à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) le , est un écrivain français[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Né d'un père boucher dans une famille commerçante de Guéret[2], Marcel Henri Jouhandeau est élevé jusqu'à l'âge de neuf ans par sa tante Alexandrine. Marqué au visage par une malformation labiale, il se tourne dès ses jeunes années — sous l'influence d'une jeune fille (Jeanne Martin) qui avait été novice au carmel de Limoges — vers un catholicisme mystique et il envisage son entrée au séminaire.

À la suite d'une lecture, en 1908, il prend conscience de son homosexualité latente et, plus tard, parmi ses amants il comptera Michel Leiris[3]. Cette même année il part pour Paris, étudie quelques mois au lycée Henri-IV, puis à la faculté des lettres. Il écrit alors ses premiers contes. Il devient professeur au collège privé Saint-Jean-de-Passy à partir de .

Son homosexualité entre dès lors en conflit avec sa foi catholique et, toute sa vie, il oscillera entre la célébration du corps masculin et le vécu mortifère de sa sexualité au point qu'en , dans un élan mystique, il brûle tous ses manuscrits et tente de se suicider. La crise passée, il revient à l'écriture sur les conseils en particulier de son ami Léon Laveine. Il écrit ce qu'il appelle des contes, ce sont des chroniques inspirées par sa ville natale de Guéret qu'il baptise Chaminadour.

Durant la Première Guerre mondiale, il est versé dans le service auxiliaire et affecté à l'arrière comme secrétaire à Guéret. Il publie La Jeunesse de Théophile en 1921 et, en 1924, Les Pincengrain. Ces textes déclenchent une vive animosité des Guérétois à son égard.

Il se marie à quarante ans, le , à Paris, avec une ancienne danseuse, Élisabeth Toulemont, dite Caryathis, Élise dans son œuvre[4]. Amie de Jean Cocteau et de Max Jacob, elle avait été la maîtresse de Charles Dullin. Élise espère détourner son mari de ses penchants pour les garçons mais, au cours des années 1930, ceux-ci l'emporteront à nouveau et s'imposeront définitivement à la fin de sa vie. Il en parle ouvertement dans divers ouvrages comme Chronique d'une passion, Du pur amour, Tirésias.

Les Jouhandeau habitent à Paris près de la porte Maillot. Ses livres sont publiés aux éditions Gallimard (sept titres chez Grasset à la suite d'une brouille avec Gaston). Professeur de latin durant 37 ans afin d'assurer sa sécurité financière à côté de son oeuvre, il part à la retraite en .

De 1936 à 1941, il écrit quatre articles antisémites dont trois seront réunis dans une plaquette, Le Péril juif, éditée par Sorlot[5]. En 1941, il participe au « congrès de Weimar » (organisé par Goebbels) sur l'invitation de Gerhard Heller. Partent avec lui Abel Bonnard, Pierre Drieu la Rochelle, Brasillach, Fabre-Luce, Chardonne, Fraigneau, Fernandez. En , Jouhandeau publie Témoignage, un court article où il développe son admiration pour l'Allemagne, dans La NRF de Drieu[6]. À la Libération, son dossier sera classé sans suite. Dans ses Journaliers, longue chronique de 28 volumes, il reviendra à plusieurs reprises sur cette période de son œuvre.

En , Élise Jouhandeau dénonce à la Gestapo Jean Paulhan comme « Juif », et Bernard Groethuysen, comme « communiste ». Marcel Jouhandeau prévient ainsi Paulhan de l'acte de sa femme : « Ce que j'aime le plus au monde a dénoncé ce que j'aime le plus au monde[réf. nécessaire] ».

Vers 1949, les Jouhandeau recueillent une fillette, Céline. Son éducation est un échec. À sa majorité elle met au monde un garçon, Marc, que les Jouhandeau adopteront (le père est reparti pour l'Italie, abandonnant mère et enfant). C'est finalement le vieux Jouhandeau (à plus de 80 ans) qui s'occupera de Marc : l'enfant est omniprésent dans les derniers "Journaliers" et devient la raison de vivre du vieil auteur.

En 1950, il adhère à l'Association des amis de Robert Brasillach[7].

Roger Peyrefitte le décrit plusieurs fois dans ses romans sous le pseudonyme transparent de Marcel Jouvenceau. Ce dernier personnage ayant été présenté dans Les Juifs comme un antisémite, Jouhandeau porta plainte contre l’auteur mais fut débouté[8].

Élise Jouhandeau meurt en 1971. Ce couple infernal occupe une place importante dans l'œuvre.

Atteint de cécité, Marcel Jouhandeau cesse d'écrire en 1974. Il consacre ses dernières années à son petit-fils Marc et meurt d'un cancer de l'estomac en 1979 à Rueil-Malmaison, son domicile depuis 1960.

Il est un auteur prolifique[9], sa production littéraire, généralement autobiographique, comportant quelque 120 livres[10],[11],[12], même si son œuvre peut être jugée répétitive et inégale par la critique[13]. Une association de ses lecteurs a été constituée[14].

Dans ses journaux, Pascal Sevran le cite comme son auteur de référence avec aussi Jacques Chardonne[15].

Distinction : Prix Lasserre 1938.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • La Jeunesse de Théophile (1921)
  • Les Pincengrain (1924)
  • Les Térébinthe (1926)
  • Prudence Hautechaume (1927)
  • Monsieur Godeau intime (1926)
  • Astaroth (1929)
  • Le Parricide imaginaire (1930)
  • Éloge de l'imprudence (1931)
  • Le Journal du coiffeur (1931)
  • L'Amateur d'imprudences (1932)
  • Tite-le-long (1932)
  • Monsieur Godeau marié (1933)
  • Chaminadour I (1934)
  • Algèbre des valeurs morales (1935)
  • Le Saladier (1936)
  • Chaminadour II (1936)
  • Le Péril juif (1937)
  • Chroniques maritales (1938)
  • De l'abjection (1939)
  • Chaminadour III (1941)[16]
  • L'Oncle Henri (1943)
  • Chronique d'une passion (1944)[17]
  • Essai sur moi-même (1947)
  • Scènes de la vie conjugale (1948)
  • Mémorial (1948-1972)
  • La Faute plutôt que le scandale (1949)
  • L'Imposteur ou Elise iconoclaste (1950)
  • Élise architecte (1951)
  • Éloge de la volupté (1951)
  • Notes sur la magie et le vol Editions Les Pas Perdus, Paris (1952)
  • Dernières Années et Mort de Véronique (1953)
  • L'École des garçons (1953)
  • Contes d'enfer (1955)
  • Éléments pour une éthique (1955)
  • Léonora ou les Dangers de la vertu (1955)
  • Réflexions sur la vieillesse et la mort (1956)
  • Théâtre sans spectacle (1957)
  • Carnets de l'écrivain (1957)
  • L'École des filles (1960)
  • Descente aux Enfers (1961)
  • Journaliers (1961–1978)
  • Trois Crimes rituels (1962)
  • Riposte à Roger Perfide (1965)
  • Le Parricide imaginaire (1967)
  • Du pur amour (1970)
  • Azaël (1972)

Posthumes :

  • Journal sous l'Occupation suivi de La Courbe de nos angoisses (1980)
  • Pages égarées (1980) [18]
  • Écrits secrets : Tirésias (1954, illustré par Élie Grekoff), Carnets de Don Juan, Le Voyage secret (1988)
  • Le Moi-même, illustré de 50 portraits photographiques de Daniel Wallard, Actes-Sud, 1994

Deux livres de Marcel Jouhandeau, Éléments pour une éthique et Éloge de l'imprudence, ont été réédités par les éditions Noé en 2006.

Mémorial[modifier | modifier le code]

  • Le livre de mon père et de ma mère - Mémorial t. 1, 1948[19]
  • Le fils du boucher - Mémorial t. 2, 1951
  • La paroisse du temps jadis - Mémorial t. 3, 1952
  • Apprentis et garçons - Mémorial t. 4, 1953
  • Le langage de la tribu - Mémorial t. 5, 1955
  • Les chemins de l'adolescence - Mémorial t. 6, 1958
  • Bon an, Mal an 1908-1928 - Mémorial t. 7, 1972

Journaliers[modifier | modifier le code]

  • Journaliers - Journaliers t. 1, 1957-1959
  • Les Instantanés de la mémoire - Journaliers t. 2, 1959
  • Littérature confidentielle - Journaliers t. 3 , 1959
  • Que tout n'est qu'allusion - Journaliers t. 4, 1960
  • Le Bien du mal - Journaliers t. 5, 1960
  • Être inimitable - Journaliers t. 6, 1960
  • La Malmaison - Journaliers t. 7, 1960-1961
  • Que la vie est une fête - Journaliers t. 8, 1961
  • Que l'amour est un - Journaliers t. 9, 1961
  • Le Gourdin d'Élise - Journaliers t. 10, 1962
  • La Vertu dépaysée - Journaliers t. 11, 1962
  • Nouveau Testament - Journaliers t. 12, 1963
  • Magnificat - Journaliers t. 13, 1963
  • La Possession - Journaliers t. 14, 1963
  • Confrontation avec la poussière - Journaliers t. 15, 1963-1964
  • Aux cent actes divers - Journaliers t. 16, 1964
  • Gémonies - Journaliers t. 17, 1964
  • Paulo minus ab angelis - Journaliers t. 18, 1964-1965
  • Un second soleil - Journaliers t. 19, 1965
  • Jeux de miroirs - Journaliers t. 20, 1965-1966
  • Orfèvre et Sorcier ou invraisemblable et vrai - Journaliers t. 21, 1966-1967
  • Parousie - Journaliers t. 22, 1967-1968
  • Souffrir et être méprisé - Journaliers t. 23, 1968-1969
  • Une gifle de bonheur - Journaliers t. 24, 1969-1970
  • La Mort d'Élise - Journaliers t. 25, 1970-1971
  • Nunc dimittis - Journaliers t. 26 ,1971-1972
  • Du singulier à l'éternel - Journaliers t. 27, 1972-1973
  • Dans l'épouvante le sourire aux lèvres - Journaliers t. 28, 1973-1974

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Marcel Jouhandeau », sur Maisons d'Écrivain en Nouvelle-Aquitaine (consulté le )
  2. « La Maison Jouhandeau », sur Tourisme Creuse Limousin (consulté le )
  3. Vincent Roy, ""Le Livre de mon père et de ma mère", de Marcel Jouhandeau : le paradoxe Jouhandeau", Le Monde du 22 septembre 2010, consulté le 26 août 2020.
  4. « JOUHANDEAU (Marcel) », sur Mémoire d'encres (consulté le )
  5. Max Jacob, Marcel Jouhandeau et Anne S. Kimball, Lettres à Marcel Jouhandeau: avec quelques lettres à Madame Marcel Jouhandeau et à Madame Paul Jouhandeau, Librairie Droz, (ISBN 978-2-600-02549-2, lire en ligne)
  6. Albert Marty, L'Action française racontée par elle-même, Nouvelles Editions Latines, (ISBN 978-2-7233-0325-5, lire en ligne)
  7. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7), p. 397.
  8. (de) « Peyrefitte, Namen und Nasen », Der Spiegel, 14 juillet 1965.
  9. « Marcel Jouhandeau », sur www.lecteurs.com (consulté le )
  10. Bertrand Poirot-Delpech, "L'impudeur faite style", Le Monde, le 10 avril 1979. Consulté le 10 août 2020 : "[...] telle aura été la gageure de Jouhandeau, tenue au long de cent vingt livres."
  11. Jacques de Ricaumont, "Le dernier Jouhandeau" dans La Nouvelle Revue des Deux Mondes, mai 1979, p. 374 : "Il a publié, en effet, près de cent trente ouvrages [...]
  12. Tajani, Ornella. (2016). Autobiographie d’un pécheur habitué. Sur Marcel Jouhandeau. Revue italienne d’études françaises. 6. 10.4000/rief.1191 : "Cependant, aujourd’hui, on le connait moins que ses cent-vingt titres publies ne le feraient imaginer. "
  13. "APOSTROPHES Jouhandeau ou les délices du moi", Le Monde, 24 juillet 1988. Consulté le 5 août 2020.
  14. « Association des lecteurs de Marcel Jouhandeau et des Amis de Chaminadour - Ville de Guéret - Site officiel », sur Ville de Guéret  - Site officiel (consulté le )
  15. Pascal Sevran, Il pleut, embrasse-moi, Albin Michel, (ISBN 2-226-15668-2 et 978-2-226-15668-6, OCLC 61462217, lire en ligne)
  16. Les trois ont été repris en un volume chez Gallimard, coll. « Soleil » en 1967.
  17. «J'ai édité sous le manteau, pour le compte d'un ami, à 100 ex. un érotique (plus métaphysique qu'érotique) de Marcel Jouhandeau : Chronique d'une passion, qui me semble admirable.» (Jean Paulhan, lettre à Marcel Pareau, 16 septembre 1944).
  18. Ce volume publié par la Société nouvelle des éditions Pauvert comprend Musée secret, Kouroï, Exutoires et manies et Pages égarées. La plupart de ces écrits ont été publiés une première fois en plaquette, sans nom d'auteur, à Alès, chez PAB.
  19. Galaxidion, « www.galaxidion.com », sur www.galaxidion.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Claude Mauriac, Introduction à une mystique de l'enfer, Grasset, 1938.
  • Henri Rode, Marcel Jouhandeau et ses personnages, Frédéric Chambriand, 1950.
  • José Cabanis, Marcel Jouhandeau, Bibliothèque idéale Gallimard, 1959.
  • Jean Gaulmier, L'Univers de Marcel Jouhandeau, Nizet, 1959.
  • Jacques Danon, Entretiens avec Élise et Marcel Jouhandeau, Paris, Belfond, 1966.
  • Henri Rode, Jouhandeau, éditions de la Tête de Feuilles, 1972.
  • Marcel Jouhandeau, La Vie comme une fête, Jean-Jacques Pauvert, 1977.
  • Patrick Négrier, Rencontres avec Marcel Jouhandeau, Issy-les-Moulineaux, 1979 (chez l'auteur).
  • Henri Rode, Un mois chez Marcel Jouhandeau, Le cherche midi éditeur, 1979.
  • François Dufay, Le voyage d'automne : octobre 1941, des écrivains français en Allemagne, Paris, Perrin, 2000.
  • Jacques Roussillat, Marcel Jouhandeau, le diable de Chaminadour, Bartillat, 2002, 2006.
  • Carnets de Chaminadour, 1 et 2. ALMJAC-Guéret, Creuse, 2006, 2007.
  • Pierre-Marie Héron, Marcel Jouhandeau. L'orgueil de l'homme, Presses universitaires de Limoges 2009.
  • Correspondance Marcel Jouhandeau-Jean Paulhan, présentée et annotée par Jacques Roussillat, Les Cahiers de La NRF, 2012.

Liens externes[modifier | modifier le code]