Michel Zévaco

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Michel Zévaco
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
EaubonneVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Activités
Période d'activité
à partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Rédacteur à
Parentèle
Xavier Zevaco (neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Arme
Grade militaire
Sous-lieutenant (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Genres artistiques
Œuvres principales

Michel Zévaco, né le à Ajaccio et mort le à Eaubonne, est un journaliste anarchiste et écrivain français, auteur de romans populaires, notamment de la série de cape et d'épée Les Pardaillan.

Biographie[modifier | modifier le code]

1860-1886 : jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Né en Corse, Michel Zévaco passe son adolescence en internat et obtient son baccalauréat en 1878. Après une courte expérience de professeur à 20 ans, il entre dans l'armée où il reste quatre ans comme sous-lieutenant de dragons. Libéré de toute obligation militaire en , il s’installe à Paris.

1886-1900 : le journaliste engagé[modifier | modifier le code]

Tombe du dessinateur et décorateur Michel André Zévaco (1893-1979), fils de Michel Zévaco, de son épouse Madeleine (1898-1983) et du petit-fils de l'écrivain, Jean-Philippe (1932-1956) dans le cimetière de Saint-Jean-aux-Bois (Oise).

Attiré par les lettres et la politique, Michel Zévaco devient journaliste, puis secrétaire de rédaction à L'Égalité que dirige alors le socialiste révolutionnaire Jules Roques.

Il se présente aux élections législatives de 1889 et mène une campagne « anti-cadettiste, anti-possibiliste et anti-boulangiste ». C'est-à-dire opposée à la fois à la franc-maçonnerie (le siège du Grand Orient de France est rue Cadet, à Paris 9e), au parti socialiste dit « possibiliste » dirigé par Paul Brousse, et aux partisans du général Boulanger[1].

À cette époque, il rencontre Louise Michel, Aristide Bruant, Séverine, Sébastien Faure, Émile Pouget, Charles Malato, Emmanuel Chauvière, etc.

Michel Zévaco tâtera à plusieurs reprises de la prison politique à Sainte-Pélagie. Par exemple, il est condamné à quatre mois de détention en avril 1890 pour « provocation au meurtre » en raison d'un éditorial visant le ministre de l'Intérieur Ernest Constans[2]. Libéré fin août, il est à nouveau arrêté, toujours pour « provocation au meurtre », à la suite d'un éditorial de L’Égalité où il incitait les soldats à faire justice eux-mêmes auprès de leurs officiers[3]. Il est également condamné le par la cour d'assises de la Seine pour avoir déclaré dans une réunion publique à Paris : « Les bourgeois nous tuent par la faim ; volons, tuons, dynamitons, tous les moyens sont bons pour nous débarrasser de cette pourriture. »[4]

Durant l'un de ses séjours en prison, en 1891, il rencontre le marquis de Morès. Ce boulangiste, devenu l'un des leaders de la Ligue antisémitique, nourrit l'idée de cofonder un journal associant anarchistes et antisémites. Zévaco en serait une des plumes, avec les anarchistes Constant Martin, Émile Pouget et Charles Malato. Cette offre est repoussé avec dégoût par les intéressés[5].

En 1898, lors de l'affaire Dreyfus, à la suite de Bernard Lazare, Zévaco s'engage dans la cause dreyfusarde, dénonçant dans l'une de ses dernières publications politiques « le complot des jésuites » contre Dreyfus et les juifs[6]. En 1899, il fonde une feuille hebdomadaire Les Hommes de la Révolution, consacrée à des biographies de personnages politiques. Il publiera 7 numéros avant de cesser en 1900[7].

1900-1914 : le feuilletoniste[modifier | modifier le code]

En 1900, Michel Zévaco abandonne le journalisme politique pour se consacrer à l'écriture de romans-feuilletons. Il débute dans cette nouvelle carrière avec le roman feuilleton Borgia !, publié dans le journal de Jean Jaurès La Petite République socialiste. Il transpose, sans la plagier, l'histoire du comte de Monte Cristo dans la Venise des Doges du début du XVIe siècle avec Le Pont des Soupirs et Les Amants de Venise. Après le succès de ces deux feuilletons, Michel Zévaco crée pour le même journal le personnage de Pardaillan.

En 1905, Michel Zévaco passe au journal Le Matin, dont il devient le feuilletoniste attitré avec Gaston Leroux. Entre 1905 et 1918, Le Matin publie neuf feuilletons dont Le Capitan et la série des Pardaillan, lus avec passion par Jean-Paul Sartre enfant qui y percevait « le roman de cape et d'épée républicain »[8]. L'un d'entre eux, L'Héroïne, féminise ce républicanisme en introduisant une jeune bretteuse née dix-huit ans plus tôt du viol de sa mère par Henri IV, et déterminée à se venger en 1626 de son ancien complice le Cardinal de Richelieu qui venait de faire assassiner sa mère quand celle-ci menaça de révéler l'agression sexuelle. Ces feuilletons sont édités en parallèle par Fayard dans sa collection Le livre populaire. Il n'a peut-être pas complètement oublié le journalisme. Son nom figure dans les encadrés listant les collaborateurs littéraires des anciennes unes de L'Humanité.

Dernières années[modifier | modifier le code]

Durant la Première Guerre mondiale, Michel Zévaco quitte Pierrefonds où il vivait depuis la fin du siècle pour s'installer à l'abri à Eaubonne, dans le Val-d'Oise. C'est dans cette ville qu'il meurt le et que son enterrement a lieu deux jours plus tard, « avec le convoi des pauvres, sans fleurs ni couronnes » selon ses volontés[9], dans l'ancien cimetière (5e division)[10].

Il est l'oncle du peintre Xavier Zevaco.

Œuvres — Premières publications en volumes[modifier | modifier le code]

Cycle Les Pardaillan

  • Livre I : Les Pardaillan (1907 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 23)
  • Livre II : L’Épopée d’Amour (1907 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 24) — Suite du précédent
  • Livre III : La Fausta (1908 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 36)
  • Livre IV : Fausta vaincue (1908 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 37) — Suite du précédent
  • Livre V : Pardaillan et Fausta (1913 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 102)
  • Livre VI : Les Amours du Chico (1913 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 103) — Suite du précédent
  • Livre VII et VIII : Le Fils de Pardaillan (1916 — Tallandier, Le Livre national, Les romans héroïques, no 90 — et no 90 bis pour l'édition 1925) — Le livre VIII a été publié, à partir de 1942, sous le titre Le Trésor de Fausta
  • Livre IX : La Fin de Pardaillan (1926 — Tallandier, Le Livre national, no 551) — Posthume
  • Livre X : La Fin de Fausta (1926 — Tallandier, Le Livre national, no 552) — Posthume, suite et fin du précédent

Autres œuvres

  • Borgia ! (1906 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 16)
  • Le Capitan (1907 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 31)
  • Nostradamus, illustré par Alfredo Vaccari (1909 — Fayard, Le Livre populaire, no 45)
Le Pont des soupirs, film de 1921, d’après l'œuvre de Michel Zévaco.
  • Le Pont des soupirs — tome I et Les Amants de Venise — tome II (1909 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 49 et 50) - voir aussi adaptation : Les Amants de Venise
  • L'Héroïne (1910 — Fayard, Le Livre populaire, no 57)
  • Triboulet — tome I et La Cour des Miracles — tome II (1910 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 61 et 62)
  • L'Hôtel Saint-Pol — tome I et Jean Sans Peur — tome II (1911 — Fayard, Le Livre populaire, no 72 et 73)
  • La Marquise de Pompadour — tome I et Le Rival du Roi — tome II (1912 — Arthème Fayard, Le Livre populaire, no 83 et 84)
  • Buridan, Le Héros de la Tour de Nesle — tome I et La Reine sanglante, Marguerite de Bourgogne — tome II (1913—1914 (déc, janv) — Tallandier, Le Livre national, Les romans héroïques, no 82 et 83)
  • Don Juan — tome I et Le Roi amoureux — tome II (1916 — Tallandier, Le Livre national, no 102 et 103)
  • La Reine Isabeau — tome I et Le Pont de Montereau — tome II (1918 — Tallandier, Le Livre national, no 148 et 149)
  • Le Pré aux Clercs — tome I et Fiorinda la Belle — tome II (1920 — Tallandier, Le Livre national, no 186 et 187) — Posthume
  • La Reine d'Argot — tome I et Primerose — tome II (1922 — Tallandier, Le Livre national, no 325 et 326) — Posthume
  • La Grande Aventure — tome I et La Dame en blanc, La Dame en noir — tome II (1926 — Tallandier, Le Livre national, no 349 et 350) — Posthume
  • Fleurs de Paris (1921 — Tallandier, Librairie Populaire et moderne, Roman d’amour et de passion inédit — 30 fascicules) — Posthume
  • Marie-Rose, la Mignon du Nord (Tallandier)
  • Déchéance (1935 — Tallandier, Le Livre national, no 972) — Posthume
  • Le Chevalier de La Barre : roman, Paris, Éditions Libretto et Éditions Phébus, (1re éd. 1899), 560 p. (ISBN 978-2-7529-0324-2, présentation en ligne)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Maitron, notice de Michel Zévaco dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, consulté le 14 février 2024.
  2. Thierry Maricourt, Histoire de la littérature libertaire en France, Albin Michel, , 491 p. (lire en ligne), p. 148.
  3. Marc Angenot, L'antimilitarisme : idéologie et utopie, Presses Université Laval, , 141 p. (lire en ligne), p. 49.
  4. Alexandre Bérard, Les Mystiques de l'anarchie : documents d'études sociales sur l'anarchie, Lyon, A.-H. Storck, 1897.
  5. Charles Malato, De la Commune à l’anarchie, Paris, Stock, 1894, page 272.
  6. Thierry Maricourt, Histoire de la littérature libertaire en France, Albin Michel, , 491 p. (lire en ligne), p. 151.
  7. Notice sur le site Data.bnf.fr.
  8. Jean-Paul Sartre, Les mots, 1964.
  9. « Michel Zévaco : mort d'un grand romancier », sur Gallica, Le Matin, Paris, (consulté le ), p. 2.
  10. Philippe Landru, « Eaubonne (95) : cimetière », sur Cimetières de France et d'ailleurs, (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :