Paul-Jean Toulet

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Paul-Jean Toulet
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Paul-Jean Toulet dans L'Almanach de l'Action française de 1925.
Naissance
Pau (Basses-Pyrénées)
Décès (à 53 ans)
Guéthary (Basses-Pyrénées)
Activité principale
Écrivain, poète
Auteur
Langue d’écriture Français
Mouvement Symbolisme
Genres

Œuvres principales

  • Monsieur du Paur, homme public (1898)
  • Les Contrerimes (1921)
Les Tendres Ménages (1904).

Paul-Jean Toulet, né à Pau (Basses-Pyrénées) le et mort à Guéthary (Basses-Pyrénées) le , est un écrivain et poète français, célèbre pour ses Contrerimes, une forme poétique qu'il a créée.

Biographie[modifier | modifier le code]

Paul-Jean Toulet perd sa mère à sa naissance. Tandis que son père regagne l'île Maurice, il est confié à un oncle de Billère en périphérie de Pau. Il séjourne trois ans à l'île Maurice où se sont installés ses parents (1885-1888) puis un an à Alger (1888-1889), où il publie ses premiers articles. Il arrive à Paris en 1898. L'année suivante il rencontre la romancière Yvonne Vernon (Noby) avec qui il a une liaison ; le couple échange de nombreuses lettres[1].

C'est là qu'il se forme véritablement, sous la tutelle de Willy, dont il est l'un des nombreux nègres littéraires, notamment pour Maugis en ménage. Colocataire du futur prince des gastronomes, Curnonsky, il fréquente les salons mondains et les boudoirs demi-mondains qu'il évoque dans Mon amie Nane. Il travaille beaucoup et se livre à divers excès, dont l'alcool et l'opium. Il collabore à de nombreuses revues, dont la Revue critique des idées et des livres de Jean Rivain et Eugène Marsan. De novembre 1902 à mai 1903, il effectue un voyage qui le mène jusqu'en Indochine.

Il quitte définitivement Paris en 1912 pour s'installer chez sa sœur, à Saint-Loubès, au château de la Rafette, où leur tante maternelle vit avec son mari Aristide Chaline, qui a racheté le château. Paul-Jean est un familier des lieux, qui auront l'honneur de plusieurs Contrerimes. Puis à Guéthary, où il se marie. Ses dernières années sont assombries par la maladie. Pendant ce temps, un groupe de jeunes poètes, dont Francis Carco et Tristan Derème, prenant son œuvre en modèle, s'appellent « poètes fantaisistes ».

Les fameuses Contrerimes parurent à partir de la fin des années 1900 dans des revues et dans le corps des romans de Toulet. Un premier projet de les réunir en volume fut retardé par la guerre de 1914-1918. Le livre ne parut finalement que quelques mois après la mort de l'auteur. Il contient, outre des contrerimes, des poèmes d'autres formes, dont ce dixain :

Puisque tes jours ne t'ont laissé
Qu'un peu de cendre dans la bouche,
Avant qu'on ne tende la couche
Où ton cœur dorme, enfin glacé,
Retourne, comme au temps passé,
Cueillir, près de la dune instable,
Le lys qu'y courbe un souffle amer,
- Et grave ces mots sur le sable :
Le rêve de l'homme est semblable
Aux illusions de la mer.

Dans le domaine théâtral, Paul-Jean Toulet composa avec des amis (Martin et Cotoni) un à-propos en vers, La Servante de Molière, dont nous n'avons pas le texte, mais qui fut représenté au Théâtre des Nouveautés d'Alger (alors que le poète y résidait), et qu'il s'amusa à éreinter lui-même dans Le Moniteur. Il fit également représenter une comédie en prose, Madame Josephe Prudhomme, dont il était l'unique auteur.

Paul-Jean Toulet avait eu, dès 1902, un projet avec Claude Debussy autour de Comme il vous plaira (As you like it) de William Shakespeare. Debussy était désireux d'y revenir en 1917, mais la maladie du compositeur n'en a pas permis la réalisation[2].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Publications posthumes
  • Les Contes de Béhanzigue (1920, édition augmentée en 1921)
  • Les Contrerimes (1921)
  • Le Souper interrompu (théâtre, 1922)
  • Les Trois Impostures (1922). Rééd. en 1929, Ed. Émile-Paul, Paris, ill. d'Hermine David.
  • Les Demoiselles La Mortagne (1923)
  • Notes d'art (1924)
  • Quatre contes (1925)
  • Notes de littérature (1926)
  • Le Carnet de Monsieur du Paur (1927)
  • Lettres à soi-même (1927, augmentée en 1950)
  • Un conte et des histoires (1927)
  • Journal et voyages (1934)
  • Vers inédits (1936)
  • Nostalgies (Le Divan, 1949)
  • Lettre de Paris (Juin 1909) (1953)
  • Huit lettres inédites avec un testament (1996)
Traduction
Correspondance
  • Paul-Jean Toulet, Correspondance avec un ami pendant la guerre, Paris, Le Divan,
  • Lettres à Madame Bulteau (1924)
  • Conseils à un filleul (1927)
  • Correspondance de Claude Debussy et Paul-Jean Toulet (1929)
  • Lettres de Paul-Jean Toulet à Henri de Régnier (1955)
Publications en revues[3]
  • Chroniques dans La Vigie algérienne et dans le Charivari Oranais en 1889
  • Sonnets dans La Revue algérienne en 1889 et 1890
  • « Entr'Actes » dans La Revue Blanche en 1898 (repris dans Vers inédits)
  • Divers textes signés Maxy dans La Vie parisienne en 1900, 1902, 1903 et 1904 (repris dans Mon amie Nane)
  • Imogène et Sylvère ou Les Dangers de la Capitale en feuilleton dans La Vie parisienne en 1902 et signé Maxy (repris dans Les Tendres Ménages)
  • Divers textes dans La Vie parisienne de 1905 à 1907 (repris dans Les Demoiselles La Mortagne)
  • « Pensées sauvages » signées Pierre Bénigne dans La Vie parisienne de 1905 à 1907
  • « Propos d'Entr'Actes » signés Pierre Bénigne dans La Vie parisienne de 1905 à 1907
  • La Princesse de Colchide : publié en feuilleton dans Le Témoin à partir du 28 mai 1910 (repris dans Comme une fantaisie)
  • « Entr'Actes » dans Les Marges en 1912 (repris dans Notes de littérature)
  • Nombreux poèmes (dont des contrerimes) dans diverses revues à partir de 1910
  • etc.
Rééditions modernes
  • La jeune fille verte, Éditions Le Livre Contemporain, 1953, illustré par Pierre-Eugène Clairin
  • Les Contrerimes, édition de Michel Décaudin, Poésie/Gallimard, 1979
  • De nombreux titres en 10/18, 1985 et 1986
  • Œuvres complètes, édition présentée et annotée par Bernard Delvaille, éditions Robert Laffont, Bouquins, 1986
  • La jeune fille verte, Fleuron, 1995
  • Monsieur du Paur, homme public, Ombres, 1999
  • Mon amie Nane, La Table Ronde, 1999
  • Lettres à soi-même, Éditions du Sandre, 2005 (reproduit le texte de la première édition)
  • Paul-Jean Toulet et Claude Debussy, Correspondance, Paris, Éditions du Sandre, 2005, 132 p. (ISBN 2-914958-20-X))
  • Les Contrerimes, édition de Jean-Luc Steinmetz, GF, 2009 (contient en outre la section « Nouvelles contrerimes » des Vers inédits)
  • Touchante histoire de la jeune femme qui pleurait, Éditions de l'Arbre vengeur, 2010 (extrait de Quatre contes)
  • Carnet d'Indochine, Phileas Fogg, 2013 (extrait de Journal et voyages)

Postérité[modifier | modifier le code]

Le Souper interrompu fut joué pour la première fois au Théâtre de Monte-Carlo le [4] puis, à Paris, le au théâtre du Vieux-Colombier, au même programme que la création de Huis clos de Jean-Paul Sartre.

Georges Bernanos évoque son souvenir dans les premiers mots de son premier roman Sous le soleil de Satan (« Voici l'heure du soir, qu'aima P. J. Toulet… »).

Frédéric Beigbeder place deux œuvres de Paul-Jean Toulet (Mon amie Nane et Les Contrerimes) dans le "top-100" de ses livres préférés que constitue Premier bilan après l'Apocalypse (la fréquentation des œuvres de Toulet par Beigbeder est liée à leur origine commune : le poète était, comme Jammes ou Valéry, une des relations de ses grands-parents à Pau puis à Guétary[réf. nécessaire]).

Le poème En Arles est dit par Jean Rochefort dans le film L'Homme du train (2002)[5].

Le groupe français Alcest a repris le texte de son poème Sur l'océan couleur de fer sur le titre homonyme paru sur l'album Écailles de Lune (2010).

En 2019, Daniel Auteuil a mis en chansons plusieurs poèmes de Toulet dans un spectacle musical et dans son album Si vous m'aviez connu[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Paul-Jean Toulet : [exposition], Paris, Bibliothèque nationale, mai-juin 1968 catalogue rédigé par Jean Adhémar et Marie-Christine Angebaul — sur Gallica, p. 49, 51, 52.
  2. François Lesure, Debussy, Fayard, 2003, p. 403
  3. P.-O. Walzer, Paul-Jean Toulet, Les Portes de France, 1949
  4. Mise en scène de Marcel Herrand.
  5. « Les Alyscamps de l'homme du train », sur blogmansarde.blogspot.com (consulté le ).
  6. « Festival Lumière 2019 : Daniel Auteuil donne de la voix », sur Première,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie succincte[modifier | modifier le code]

  • Henri Martineau, La Vie de Paul-Jean Toulet, Paris, Le Divan, 1921.
  • Jacques Dyssord, L'Aventure de Paul-Jean Toulet Gentillomme de lettres, Paris, Bernard Grasset, 1928.
  • Pierre-Olivier Walzer, Paul-Jean Toulet, L'Œuvre, l'Écrivain, Paris, Aux Portes de France, 1949.
  • Pierre-Olivier Walzer, Paul-Jean Toulet, Seghers, « Poètes d'aujourd'hui », 1954.
  • Catalogue de l'exposition Paul-Jean Toulet à la Bibliothèque nationale de France, mai-.
  • La Belle Époque à Pau. Lettres et arts, Collectif publié par l'Académie des lettres pyrénéennes, sous la direction de Louis Ducla et Michel Fabre, Pau, 1980.
  • Daniel Aranjo, Paul-Jean Toulet (1867-1920). Vol. 1. La vie, l'œuvre. Vol. 2. L'Esthétique, Pau, Marrimpouey, 1980.
  • Présence de Paul-Jean Toulet, ouvrage collectif conçu et réalisé par Michel Bulteau, La Table Ronde, 1985.
  • Pierre-Olivier Walzer, Paul-Jean Toulet, La Manufacture, « Qui êtes-vous », 1987 (réédition du volume Seghers avec quelques différences dans le choix de textes)
  • Alexis Ichas, Paul-Jean Toulet au bord du gave, Pau, Atlantica, 2003.
  • Frédéric Martinez, Prends garde à la douceur des choses, Paul-Jean Toulet, une vie en morceaux, ed. Tallandier, 2008.
  • Jacques Le Gall, Paul-Jean Toulet (1867-1920). Parle tout bas si c’est d’amour / Au bord des tombes, Pau, Le Pin à crochets, 2020.
  • Jean Serroy (éd.), Les Poètes fantaisistes. Une anthologie, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque de littérature du XXe siècle », 2021

Liens externes[modifier | modifier le code]

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