Pierre Billotte

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Pierre Billotte
Illustration.
Fonctions
Député français

(9 ans, 8 mois et 22 jours)
Élection 23 juin 1968
Réélection 4 mars 1973
Circonscription 5e du Val-de-Marne
Législature IVe et Ve (Cinquième République)
Groupe politique UDR (1968-1976)
RPR (1976-1978)
Prédécesseur Gilbert Noël
Successeur Jean-Louis Beaumont

(1 mois et 4 jours)
Élection 25 novembre 1962
Législature IIIe (Cinquième République)
Groupe politique UD-Ve
Prédécesseur Gilbert Noël
Successeur Gilbert Noël

(3 ans, 2 mois et 2 jours)
Circonscription 48e de la Seine
Législature IIe (Cinquième République)
Groupe politique UNR-UDT
Prédécesseur Philippe Vayron
Successeur Gilbert Noël

(4 ans, 4 mois et 26 jours)
Élection 17 juin 1951
Circonscription Côte-d'Or
Législature IIe (Quatrième République)
Groupe politique RPF
Ministre d'État, chargé des Départements et territoires d'Outre-mer

(1 an, 2 mois et 24 jours)
Gouvernement Pompidou III
Maire de Créteil

(12 ans)
Prédécesseur François Dassibat
Successeur Laurent Cathala
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance 16e arrondissement de Paris
Origine Française
Date de décès (à 86 ans)
Lieu de décès Boulogne-Billancourt

Pierre Billotte est un général et un homme politique français né le à Paris et mort le à Boulogne-Billancourt[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Un soldat à la carrière fulgurante[modifier | modifier le code]

Il est le fils du général d'armée Gaston Billotte mort dans un accident de la route sur le front en . Sorti de Saint-Cyr (promotion du sous-lieutenant Pol Lapeyre)[2] et de l’École supérieure de guerre, il participe aux combats de la bataille de France en tant que capitaine chef d'équipage d'un char B1 du 41e bataillon de chars de combat. Il combat lors de la bataille de Stonne, détruisant treize[3] chars le . Pierre Billotte figure dans le classement russe des as des chars de la Seconde Guerre mondiale. Il est fait prisonnier à Vadenay le , grièvement blessé[4].

Arrivée à Londres début septembre 1941 des évadés français par la Russie, « Les Russes ». De gauche à droite sur la photo : Jean Richemond, futur membre du Commissariat national à l'intérieur ; Pierre Billotte ; François Thierry-Mieg, futur chef de la section contre-espionnage du BCRA ; Henri Clastère, bientôt parachuté en France pour une mission de sabotage.

Évadé de l'Oflag II-D en Poméranie, le [5], il gagne l’URSS où il est interné jusqu’au moment de l’attaque allemande à l'été 1941. Il devient alors représentant de la France libre à Moscou. Avec d’autres Français, il est échangé contre des réfugiés russes de Londres et s’embarque à Arkhangelsk sur un bateau qui lui permet de gagner le Royaume-Uni.

Il est alors fait chef d’état-major du général de Gaulle et secrétaire du Comité de défense nationale à Londres. De Gaulle impose à Leclerc son affectation dans sa division[6] et, alors colonel, il débarque en Normandie à la tête d'un des trois groupements tactiques de la division Leclerc. Le , à 10 h 30, il envoie un ultimatum dactylographié à Dietrich von Choltitz demandant sa reddition, et précisant : « Au cas où vous jugeriez bon de poursuivre une lutte qu’aucune considération d’ordre militaire ne saurait justifier, je suis décidé à la poursuivre jusqu’à l’extermination totale. Dans le cas contraire, vous serez traité conformément aux lois de la guerre »[7]. Cette lettre eut une influence décisive sur sa décision de ne pas détruire Paris. Puis il fait la jonction, à la préfecture de police, avec la Résistance intérieure parisienne lors de la libération de Paris. En septembre 1944, il est promu au grade de général de brigade et, en désaccord avec Leclerc, il quitte la 2e DB. Il forme avec les FFI parisiens la 10e division d'infanterie qu'il commande désormais en tant que général.

Pierre Billotte est promu général de division en [8]. Il est nommé représentant de la France au comité d’état-major de l’ONU en 1946 mais il démissionne de cette fonction et de l’armée quatre ans plus tard pour protester contre la politique trop atlantiste du gouvernement.

Député RPF et ministre ARS[modifier | modifier le code]

Le général Pierre Billotte inspecte la garde d'honneur lors d'une visite en Israël, en mars 1957.

Il est élu député RPF de la Côte-d'Or en 1951 mais est battu en 1956. Il vote la confiance à Antoine Pinay en 1952 et est l’un des 27 dissidents de l’ARS. Il est ministre de la Défense nationale dans le gouvernement Edgar Faure du au .

À l’Assemblée nationale, spécialisé dans les questions militaires, il est rapporteur de la commission de la Défense sur les accords de Londres et de Paris qui remplacent la CED qu’il avait combattue.

Président de l'association France-Occident, il réfléchit à la question de l'Algérie française, estime que « le statu quo comme l'abandon sont impensables » et propose un projet de réforme de l'Algérie en 1957[9]. La même année, il écrit un article paru dans Le Monde contre la torture en Algérie. « On n'obéit pas à des ordres contraires aux lois de la guerre... La torture, sous quelque forme que ce soit, est condamnable ».

Il prend en 1955 la succession de Firmin Roz à la tête du comité français du Mouvement pour l'union atlantique, une association transnationale atlantiste qui préconise un renforcement de l'OTAN et une union avec les États-Unis[10].

Gaulliste de gauche sous la Ve République[modifier | modifier le code]

Pierre Billotte est l’un des gaullistes de gauche qui participent à la fondation de l’Union démocratique du travail (UDT). Nommé haut-commissaire en Algérie, il est finalement remplacé par Christian Fouchet en 1962.

En , il est élu député (UNR-UDT) de la 48e circonscription de la Seine, puis en 1967 de la 5e circonscription du Val-de-Marne. Il conserve son mandat jusqu’en 1978 sous les diverses étiquettes gaullistes (UD-Ve République, UDR, RPR). Il est ministre d'État chargé des départements et territoires d’Outre-Mer dans les troisième et quatrième gouvernements de Georges Pompidou du au et favorise l'autonomie interne de ces entités.

Il devient l'un des deux présidents avec l'Américain Clarence Streit du bureau du Mouvement international pour l'union atlantique, lancé en 1957[11] et constitué officiellement en , jusqu'à sa nomination comme ministre en 1966[12]. Ce mouvement fédère les comités nationaux du mouvement pour l'union atlantique, désireux de rapprocher les Etats-Unis de l'Europe occidentale. Il cosigne en 1962 un appel international à l'union atlantique[13], et préconise encore en 1965 un appel à une « union fédérale atlantique »[14].

Il est maire de Créteil de 1965 à 1977.

Il fonde un « Mouvement pour le socialisme par la participation » en 1971. Il soutient Jacques Chaban-Delmas avant l’élection présidentielle de 1974.

Il laisse le souvenir d’un homme courageux et audacieux, au tempérament impétueux et faisant preuve d’un gaullisme ombrageux. Il est inhumé au cimetière de Créteil. Son épouse est morte en 1984.

Décorations[modifier | modifier le code]

Rubans[modifier | modifier le code]

Intitulés[modifier | modifier le code]

Légion d'honneur Ordre de la Libération Croix de guerre 1939-1945
Médaille des évadés Médaille de l'Aéronautique Insigne des blessés militaires
Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre Ordre du Dragon d'Annam Legion of Merit
Croix de guerre belge 1940-1945 Ordre du Ouissam alaouite Nichan Iftikhar

Liste complète[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • La Fatalité de la Défaite allemande, Londres 1941
  • Le Temps du Choix, Robert Laffont, 1950
  • L'Europe est née, Fayard, 1955
  • Considérations stratégiques, Larousse 1957
  • Du Pain sur la planche, Plon 1965
  • Les Chemins de l'Aventure, 1972
  • Le Temps des Armes, Plon 1972
  • Trente ans d'humour avec de Gaulle, 1979
  • Le Passé au futur, Stock 1979

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. Jean Boÿ, « Historique de la 113e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (1926-1928), promotion du sous-lieutenant Pol Lapeyre » [PDF], sur www.saint-cyr.org, Association des élèves et anciens élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (Saint-Cyrienne), (consulté le ), p. 5.
  3. Il est possible que ce total soit surestimé à cause d'épaves déjà présentes sur le champ de bataille, que Billotte aurait pu « détruire une deuxième fois ».
  4. Stéphane Bonnaud, « Le 41e BCC : V - Billotte piégé à Mourmelon, 12 juin 1940 », Histoire de guerre, blindés et matériel, no 136,‎ , p. 41-58
  5. Pierre Flament La vie à l'Oflag IID-IIB 1940-1945, Amicale IID-IIB et CNRS.
  6. Leclerc Maréchal de France - Jean Compagnon, biographie sortie en 1994.
  7. « Aout 1944: libération de Paris »
  8. site de l'Ordre de la Libération.
  9. Le Monde du 3/7/1957 et 9/11/1957.
  10. Le Monde, 19/11/1956, 14/10/1957, 14/12/1957, Maurice Allais, Combats pour l'Europe, Clément Juglar, 1994, p. 114, Hearings, Congress, Senate, US government printing office, 1955, p. 206, Archives de l'OTAN, 1956.
  11. Archives de l'OTAN, Note du secrétaire général, 23/10/1957
  12. Le Monde, 7/7/1958, "International Movement for Atlantic Union constituted", Liste des membres du bureau et des adhérents en 1962, Le Monde, 3/8/1966.
  13. Declaration of Atlantic unity de 1962, avec ses signataires
  14. Le Monde, 16/12/1965

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

  • Pierre-Viansson-Ponté, Les Gaullistes, Paris, Le Seuil, , p. 66-69.
  • André Passeron, « La mort de Pierre Billotte: Au Service du gaullisme », Le Monde,‎ .
  • Jean Bécarud et Jean Simon (dir.), Dictionnaire des parlementaires français : notices biographiques sur les parlementaires français de 1940 à 1958, t. 2 : « B », Paris, La Documentation française, , p. 386-388.
  • Biographie de Pierre Billotte sur le site de l'Ordre de la Libération.
  • Daniel Hochedez et Catherine Hochedez-Schuster, « Une journée à Stonne, en Argonne ardennaise, sur les traces des « lions » de mai-juin 1940 », Horizons d’Argonne, Centre d’études argonnais, no 94,‎ , p. 69-82 (lire en ligne), sur la participation de Pierre Billotte aux combats de .

Liens externes[modifier | modifier le code]