Transparency International

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Transparency international)
Transparency International
Histoire
Fondation
Cadre
Zone d'activité
Type
Forme juridique
Siège
Pays
Organisation
Fondateurs
Peter Eigen, John Githongo (en), Jeremy Pope (en), Kamal Hossain, Obiageli Ezekwesili, Dolores Español (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Président
François Valérian (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directrice
Patricia Moreira (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Chiffre d'affaires
23,7 M ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Identifiants
data.gouv.fr

Transparency International (TI) est une organisation non gouvernementale internationale d'origine allemande ayant pour principale vocation la lutte contre la corruption des gouvernements et institutions gouvernementales mondiaux. Elle a été fondée par Peter Eigen en 1993 et a aujourd'hui un rayonnement international, possédant des sections autonomes dans 110 pays. Elle déplore souvent la baisse dans le classement de certains pays développés, notamment au sein de l'Union européenne.

Transparency International est surtout connue pour publier régulièrement des indices mondiaux sur la corruption : classement des États, indice de perception de la corruption par pays ou encore régularité des échanges internationaux. Elle se place également en observateur du fonctionnement démocratique des institutions nationales en émettant des avis sur les actions gouvernementales.

Création et historique[modifier | modifier le code]

L'organisation a été fondée à Berlin en 1993 par Peter Eigen, ancien directeur de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et de l’Est et l’Amérique latine de 1975 à 1991, ainsi que par Michael J. Hershman, ancien membre des services de renseignement de l’armée américaine, Frank Vogl, conseiller en communication pour le monde de la finance également passé par la Banque mondiale, et l'homme d'affaires George Moody Stuart.

Peter Eigen en a été le président jusqu'en 2005, date à laquelle lui a succédé la Canadienne Huguette Labelle (en). La section française a été créée en 1995 par Daniel Dommel.

Organisation[modifier | modifier le code]

Transparency International se compose de 110 sections nationales et d'un secrétariat international à Berlin.

Transparency International se définit elle-même ainsi :

« Transparency International est l'organisation mondiale, issue de la société civile, en pointe de la lutte contre la corruption. Elle rassemble les peuples à travers une puissante coalition mondiale dans le but de mettre fin à l'impact dévastateur de la corruption sur les hommes, les femmes et les enfants dans le monde entier. La mission de Transparency International est d'instiguer des changements jusqu'à ce que le monde soit libre de toute corruption. »

La section française du mouvement, Transparency International France, a été créée en 1995 par Daniel Dommel sous le statut d'association à but non lucratif conforme à la loi de 1901. La section a été présidée successivement par Daniel Dommel (1995/2003), Daniel Lebègue (2004/2016), Marc-André Feffer (2016/2019) et Patrick Lefas (depuis 2019).

Transparency International France a co-fondé la Maison des Lanceurs d'Alerte en 2018 aux côtés de 16 autres organisations de la société civile[1]. Sa déléguée générale siège au conseil d'administration en qualité de co-présidente.

La branche vénézuélienne de l'organisation entend également contribuer à renverser le gouvernement socialiste de Nicolás Maduro. Principalement financée par le gouvernement britannique, elle rend compte chaque trimestre de son activité auprès de l’ambassade du Royaume-Uni[2].

Transparency International a un mode de fonctionnement très décentralisé. Elle possède un secrétariat central en Allemagne et est divisée en 80 sections nationales présentes sur les cinq continents[Note 1]. Chacune d'elles est autonome tant du point de vue financier qu'opérationnel. En effet, chaque section est chargée de trouver seule des financements, qui sont en partie assurés par les cotisations des membres[réf. nécessaire]. L'association est soutenue financièrement par des agences gouvernementales, des fondations, des entreprises privées et des donateurs individuels.

Projets et travaux[modifier | modifier le code]

Indices internationaux[modifier | modifier le code]

Carte de l'indice de perception de la corruption pour l'année 2019. L'échelle de couleur, allant de 1 à 100, est comprise entre le pourpre (pays très corrompu, 1) au bleu clair (pays quasi-exemplaire, 90 et plus).

Transparency International est surtout connue pour développer et publier des indices permettant d'évaluer selon différents critères le taux de corruption des pays du monde. Parmi ceux-ci, trois sont remarquables :

  • L'indice de perception de la corruption (IPC) classe depuis 1995 la plupart des États selon une échelle allant de 0 (pays très controversé, comme la Somalie) à 10 (pays exemplaire, à l'image des pays nordiques). Bien que cet indice ait un succès notable et soit relayé par de nombreux média, ses résultats sont souvent controversés car présentant un risque de subjectivité. En effet il est entièrement basé sur des sondages de personnalités telles que des hommes d'État, des entrepreneurs ou des universitaires qui peuvent être liés aux gouvernements en place.
  • Le baromètre mondial de la corruption est un sondage réalisé auprès des populations, et qui consiste à rassembler des avis quant à la perception qu'ont celles-ci de la corruption au sein de leur pays. Il est construit sur la base de questions telles que « Quels sont les secteurs publics les plus corrompus ? » ou « Que pensez-vous de l'action de votre gouvernement ? »
  • L'indice de corruption des pays exportateurs (ICPE) recense les pots-de-vin versés par des entreprises des principaux pays exportateurs (22 en 2008, représentant 75 % du total des échanges mondiaux) à l'étranger en vue de s'approprier des marchés dans les pays concernés.

Observation et critique des États[modifier | modifier le code]

Transparency International est impliquée dans l'observation des politiques gouvernementales et émet des avis lorsque celles-ci favorisent ou au contraire limitent la lutte contre la corruption et plus généralement la démocratie[3]. En ce qui concerne TI France par exemple, l'association a suivi de près en 2009 les débats à l'Assemblée nationale française concernant les lois à venir sur le lobbying[4], a publié un rapport critique sur les actions du président de la république française à mi-mandat[5], a déclaré par la voix de son président Daniel Lebègue, qu'obliger les élus et les membres du gouvernement français à déclarer leurs patrimoines et leurs revenus permettra à la France de rattraper son retard en matière de transparence démocratique[6].

Transparency International a aussi joué un rôle important pour la formation de la Convention de l'ONU contre la corruption.

Critiques[modifier | modifier le code]

Selon Bernard Carayon, « l'ONG n'est une organisation indépendante ni financièrement ni culturellement ». Son existence doit en effet beaucoup à des fondations et des multinationales anglo-saxonnes, ainsi que des institutions gouvernementales américaines[7].

Selon le journal Le Monde diplomatique : « Dans ses principales enquêtes, Transparency International ne mesure pas le poids de la corruption en termes économiques pour chaque pays. Elle élabore un indice de perception de la corruption (IPC) à partir d’enquêtes effectuées par des structures privées ou par d'autres ONG : l'Economist Intelligence Unit, adossé à l'hebdomadaire libéral britannique The Economist, l'organisation néoconservatrice américaine Freedom House, le Forum économique mondial, ou encore de grandes sociétés. (...) L'IPC ignore les cas de corruption qui concernent le monde de l'entreprise. Dès lors, l'effondrement de Lehman Brothers (2008) ou la manipulation du taux de référence des marchés monétaires (Libor) par de grandes banques britanniques révélés en 2011 n'ont pas affecté les notes des États-Unis ou du Royaume-Uni. » L'organisation reçoit en outre des financements d'entreprises faisant elles-mêmes l'objet de condamnation pour des faits de corruption[8].

Communication[modifier | modifier le code]

Activité de lobbying[modifier | modifier le code]

Auprès de l'Assemblée nationale[modifier | modifier le code]

Transparency International France est inscrit comme représentant d'intérêts auprès de l'Assemblée nationale. L'organisation déclare à ce titre, sans préciser la date du dernier exercice comptable, un budget global de 516 475 euros, dont 13 000 euros de financement public, et indique que les coûts annuels liés aux activités directes de représentation d'intérêts auprès du Parlement sont compris entre 10 000 et 20 000 euros[9].

Auprès des institutions de l'Union européenne[modifier | modifier le code]

Transparency International est inscrit depuis 2008 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. L'organisation déclare en 2015 pour cette activité 16 collaborateurs à temps plein et des dépenses d'un montant compris entre 1 000 000 et 1 250 000 euros. Elle indique avoir perçu sur le même exercice 3 982 717 euros de subventions des institutions de l'Union européenne[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Social Watch Bénin, réseau d'ONG et d'associations créée en 2005, intervient également avec la section nationale de Transparency International au Bénin

Références[modifier | modifier le code]

  1. « La Maison des Lanceurs d’Alerte (MLA) est créée ! | Sciences Citoyennes », sur sciencescitoyennes.org (consulté le ).
  2. (en) Matt Kennard and John McEvoy, « UK Foreign Office has spent nearly half a million pounds in aid setting up anti-government coalition in Venezuela », sur Daily Maverick, .
  3. Léo Mouren, « Lutte contre la corruption : vous pouvez agir », sur Libération.fr, .
  4. Olivier Saretta, « Transparency International appelle le Parlement à plus de rigueur envers les lobbys », sur L'Express, .
  5. Philippe Broussard, « Quand Sarkozy "inquiète" Transparency International », sur L'Express, .
  6. Rémy Dodet, « Affaire Cahuzac : "Nos élus ne s'appliquent pas les lois qu'ils ont eux-mêmes votées" », sur L'Obs, .
  7. Bernard Carayon, « Transparency International : une éthique à géométrie variable », sur Le Figaro.fr, .
  8. « Qui enquête sur les enquêteurs ? », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne).
  9. « Tableau des représentants d'intérêts », sur Assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  10. « Registre de transparence », sur europa.eu (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Transparency International, Combattre la corruption : Enjeux et perspectives, Karthala, 2002, 356 p. (ISBN 978-2845863118)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :