Une étude en rouge

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Une étude en rouge
Image illustrative de l’article Une étude en rouge
A Study in Scarlet
Première édition en 1887

Auteur Arthur Conan Doyle
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Roman policier
Version originale
Langue Anglais
Titre A Study in Scarlet
Date de parution 1887 (publication dans le journal Beeton's Christmas Annual)
1888 (en volume)
Version française
Éditeur Hachette (sous le titre : Un crime étrange)
Lieu de parution Paris
Date de parution (1899?, 1903)
Type de média in-octavo
Nombre de pages 242
Chronologie
Série Bibliothèque des romans étrangers

Une étude en rouge, aussi traduit Un crime étrange[1] ou encore Écrit dans le sang[2] (titre original en anglais : A Study in Scarlet), est un roman policier d'Arthur Conan Doyle paru en 1887 dans le Beeton's Christmas Annual avant d'être publié en volume en 1888.

Le roman raconte une enquête menée par le détective Sherlock Holmes, narrée par son nouveau compagnon, le docteur Watson.

Résumé[modifier | modifier le code]

Sherlock Holmes examinant l'inscription « Rache » sur un mur.
Publiée dans Beeton's Christmas Annual en 1887, il s'agit là de la première illustration représentant le détective, dessinée par David Henry Friston et gravée par William M. R. Quick[3],[4].

Au n° 3 de Lauriston Gardens près de Londres, dans une maison vide, un homme est trouvé mort. Assassiné ? Aucune blessure apparente ne permet de le dire, en dépit des taches de sang qui maculent la pièce. Sur le mur, griffonnée à la hâte, une inscription : « Rache ! » . Vengeance ! en allemand. Vingt ans plus tôt, en 1860, dans les gorges du Nevada, en Utah, Jean Ferrier est exécuté par des mormons sanguinaires chargés de faire respecter la loi du prophète. Sa fille, Lucy, est séquestrée dans le harem du fils de l’Ancien. Quel lien entre ces deux événements aussi insolites que tragiques ? Un fil ténu, un fil rouge que seul Sherlock Holmes est capable de dérouler. Une intrigue toute en subtilités où, pour la première fois, Watson découvre le maître.

Cette première nouvelle introduit la méthode de travail de Holmes : la déduction d’après des faits scientifiques, qui s’oppose aux anciennes méthodes basées sur les témoignages, la réputation des suspects et des études de voisinages sujettes à caution.

Cette méthode novatrice pour son époque est en quelque sorte l'ancêtre de la police scientifique moderne : collectionner des indices et des preuves matérielles afin d'infirmer ou de confirmer les narrations des témoins et suspects afin de résoudre les crimes.

Rédaction et publication[modifier | modifier le code]

La source d'inspiration majeure de Conan Doyle pour ce roman provient du recueil de nouvelles intitulé Le Dynamiteur, publié par Robert Louis Stevenson en 1885[5]. Dans la nouvelle intitulée Histoire de l'Ange exterminateur (Story of the Destroying Angel), Stevenson raconte comment un groupe de mormons se venge d'un ancien membre qui avait fui la communauté pour échapper à ses règles de vie. Il est aussi influencé par les personnages du chevalier Dupin d'Edgar Allan Poe et du détective Tabaret d'Émile Gaboriau (dont il lit les aventures au moment même de la rédaction d'Une Étude en rouge), qui lui inspirent l'intelligence méthodique de Sherlock Holmes[5].

En mars 1886, Conan Doyle décide de mettre en suspens la rédaction de son roman historique Micah Clarke, et entreprend la rédaction d'Une Étude en rouge[5]. Conan Doyle ne cache pas son inspiration de Stevenson, et emprunte même à ce dernier le nom de certains de ses personnages[5].

Conan Doyle prévoit dans un premier temps de créer un héros qui narrerait son enquête à la première personne, et donne à ce personnage le nom d'Ormond Sacker[5]. Dans ses précédentes œuvres littéraires, Conan Doyle avait souvent utilisé un narrateur-héros. Cependant, il décide rapidement de changer de formule de narration, et sépare l'enquêteur et le narrateur en deux personnages différents : l'enquêteur doté d'une intelligence exceptionnelle est Sherlock Holmes, tandis que le narrateur stupéfait devant les exploits de son ami est le docteur John H. Watson[6].

Bien que le couple Holmes/Watson a été réemployé par la suite par l'auteur dans d'autres aventures et a connu une importante postérité, Conan Doyle considère alors que l'amitié de ces deux personnages est purement éphémère et qu'ils ne réapparaîtront pas dans un autre roman[6]. Il souhaite d'ailleurs reléguer ces deux personnages au second rang de son roman, l'action principale étant centrée sur les mésaventures de Jefferson Hope liées à son désir de quitter la secte des Mormons. Holmes et Watson n'apparaissent ainsi que dans la première partie du roman et dans la conclusion, et sont absents de toute la seconde partie qui se déroule dans le passé de Jefferson Hope. Cependant, l'auteur imagine un caractère et un passé assez détaillés à Holmes et Watson, nécessitant d'importantes descriptions dans la première partie de l'intrigue, ce qui met finalement en lumière le détective qui devait à l'origine occuper une place plus anecdotique[6].

La rédaction du roman est particulièrement rapide et dure environ un mois[7] (voire moins de trois semaines selon certaines sources[8]). Cependant, Conan Doyle a du mal à faire publier son roman : le Cornhill Magazine (grande revue littéraire) le refuse, ainsi que les autres éditeurs contactés par Conan Doyle. Face à ces refus, Conan Doyle est contraint d'accepter en l'offre de « Ward, Lock et Cie » à qui il doit céder l'entièreté de ses droits d'auteur en échange de 25£[7], une somme assez faible bien que tout de même consistante pour l'époque (la livre sterling avait une grande valeur à la fin du XIXe siècle). Ward, Lock et Cie ne publie le roman dans le Beeton's Christmas Annual qu'un an plus tard en car les aventures à sensation sont déjà nombreuses sur le marché[7].

Par la suite, les exemplaires d'origine du Beeton's Christmas Annual consacré à Une étude en rouge sont devenus très prisés des collectionneurs holmésiens, au point que le Beeton's de serait devenu le numéro de revue le plus cher au monde[9]. En 2012, seuls 33 exemplaires du Beeton's de 1887 étaient encore connus, dont 21 conservés dans des bibliothèques et 12 dans des collections privées[10]. La valeur d'échange d'un exemplaire a dépassé les 10 000 $ dans les années 1970[9], puis un exemplaire en excellent état s'est échangé pour 125 000 $ en 1990 lors d'une vente aux enchères privée. Dans les années 2000, lors de ventes aux enchères organisées par Sotheby's, deux exemplaires ont été vendus pour 153 600 $ en 2004 (pour un exemplaire en état de conservation moyen) et 156 000 $ en 2007 (de nouveau pour un exemplaire en état de conservation moyen)[10]. John Bennett Shaw, qui était à la tête de l'une des plus grandes collections d'objets liés à Sherlock Holmes jusqu'à sa mort en 1994, a toujours regretté d'avoir refusé en 1939 l'achat d'un exemplaire du Beeton's qu'on lui avait proposé pour la somme de 175 $ qu'il avait jugée trop élevée[9].

La première traduction de ce roman en français, ou du moins l'une de toutes premières, a été réalisée par Anna Clayton et publiée sous le titre Détective amateur dans le feuilleton du journal Le Temps entre le 13 novembre et le 9 décembre 1894[11].

Accueil critique[modifier | modifier le code]

Le livre n'obtient pas le succès escompté en Angleterre, mais obtient davantage de succès aux États-Unis[12], bien que cela reste alors un succès modeste[7].

Adaptations[modifier | modifier le code]

  • 1933 : Une étude en rouge (A study in scarlet), film de Edwin L. Marin
  • 2010 : Une étude en rose (A Study in Pink), de la série Sherlock, s'inspire grandement de cette œuvre
  • Adaptation en bande dessinée, sur un scénario de Ian Edginton et des dessins de I.N.J. Culbard (Akileos, 2010)
  • Adaptation en bande dessinée, sur un scénario de Longaron et des dessins de Ricard (P&T Productions, 1995)
  • Une adaptation de l'intrigue est présente dans le premier épisode de Sherlock Holmes en 2013.
  • En 2017, la série Elementary fait référence à cette œuvre dans l’épisode 13 de la saison 4, Une étude à Charlotte.
  • 2016 : Adaptation en manga dans les chapitres 7, 8 et 9 de "Moriarty" - Scénario de Ryosuke TAKEUCHI et dessins de Hikaru MIYOSHI - Édité en français chez KANA

Livre audio en français[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ce titre a été utilisée pour les premières traductions du roman (1899, 1905, 1917, etc).
  2. Selon une traduction de Béatrice Vierne aux éditions Anatolia, 2009.
  3. (en) Phillip G. Bergem, « David Henry Friston : First Artist of the Canon », Baker Street Journal : An Irregular Quarterly of Sherlockiana, vol. 53, no 4,‎ , p. 23-25.
  4. (en) Neil McCaw, Historical Dictionary of Sherlock Holmes, Lanham (Maryland), Rowman & Littlefield Publishers, , 450 p. (ISBN 978-1-5381-2315-7), p. 165.
  5. a b c d et e James McCearney, Arthur Conan Doyle, Éditions La Table Ronde, 1988, p.108.
  6. a b et c James McCearney, Arthur Conan Doyle, Éditions La Table Ronde, 1988, p.109.
  7. a b c et d James McCearney, Arthur Conan Doyle, Éditions La Table Ronde, 1988, p.111.
  8. (en) Inscribed copy of Sherlock Holmes' debut book for sale, Telegraph.co.uk, 24 mai 2010.
  9. a b et c Stephen Almaseanu, « John Bennett Shaw », QuinCahier n°1, Société Sherlock Holmes de France, mai 2007, p.9.
  10. a et b (en) Randall Stock, Beeton's Christmas Annual 1887 : An Annotated Checklist and Census, bestofsherlockholmes.com, 24 novembre 2012.
  11. Le Temps, 13 novembre 1894, p. 1 (consultable en ligne sur Gallica).
  12. Bernard Oudin, Enquête sur Sherlock Holmes, 1997 p.46

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Lydia Alix Fillingham, « « The Colorless Skein of Life » : Threats to the Private Sphere in Conan Doyle's A Study in Scarlet », ELH, vol. 56, no 3,‎ , p. 667-688 (DOI 10.2307/2873202, JSTOR 2873202).
    Article repris dans : (en) Lydia Alix Fillingham, « « The Colorless Skein of Life » : Threats to the Private Sphere in Conan Doyle's A Study in Scarlet », dans Harold Orel (dir.), Critical Essays on Sir Arthur Conan Doyle, New York / Toronto / Oxford, G.K. Hall / Maxwell Macmillan, coll. « Critical Essays on British Literature », , XIII-290 p. (ISBN 978-0-81618-865-9), p. 160-178.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]